Dune

  rébellion des eaux la dentelle des embruns en offrande au vent vertigineuses beautés des forteresses éphémères   

entre les branches le soupçon de l'océan aromatique parfum d'infini surgi d'innocentes haltes  

 Entre nous se sont installées une petite brise fraiche une légère brume persistante J'essuie régulièrement le verre de mes lunettes en vain elle résiste  La météo du matin annonce  une baisse des températures rien de choquant pour un début d'automne  Nous sortirons les pulls et chacun de notre côté à notre façon nous adapterons à notre dérèglement climatique 

 chronique du soir l'or d'un rayon attardé pose le cadre utile nécessité de calligraphier sa vie

Le soir glisse ses derniers rayons entre les sillons je traîne sur le bord de la route pas décidée à rentrer je pourrais rester là à compter les cris de chouettes les phares de voitures les étoiles de plein champs je pourrais mais une nuée d'insectes désordonnés et inquiets m'absorbe dernier frisson en lisière  dans la langueur du temps  il fallait toucher le désir de nuit arrêter les gestes dans la chute  de la lumière il fallait que les cernes de la terre  tracent le chemin du retour ychoux 19h  

fraîcheur matinale la mer jusque dans les yeux en nappes claires sous les lambeaux de la nuit encore un jour à ouvrir

 D'un éclat vit le moment gouttes figées pour l'éternité dans la coupe sensible des émotions sortie de la lumière nourricière la saisissante sensation de la vague plus précieuse que l'océan entier   Aucun mythe aucune légende rien à fouiller ou détrousser dans la poreuse étreinte des éléments la vie toute entière dans quelques gouttes

pierre sur pierre la nuit dérobe les pas en construit des murs le soir n'ouvre rien de plus qu'une porte aux chimères   

Il y a la guerre  là-bas dans l'arbre volées de cris  et de coups de bec l'affaire est d'importance  chaque fruit gagné un pied de bec à la pénurie  manquerait plus que les pies ou les corbeaux soient de la partie le défense du territoire demanderait des étourneaudrones pour protéger les lignes arrières La guerre couve souvent bien plus proche que l'on ne pense  

ouvrir le fichier chercher le cliché souligner la date d'hier faire aujourd'hui impossibilité tragique soi comme un tout soi dans l'artifice prompt à combler le vide reconnais-toi toi-même répètent à l'infini les silhouettes curvilignes contraintes dans la photo paradoxe de l'illusion tu vois ce que tu n'es pas tu passes ta vie à incarner ce que tu crois être de toi à toi ce qui importe ce qui te rend unique ce que tu ne cesses de fixer est et restera ta solitude

 l'oiseau s'invente mille branches où se poser libres impromptus j'aime penser la pierre accueillante aux possibles

jeu de lumières  vert et bleu se questionnent en naît l'harmonie d'un lieu ou d'un bref instant  tu te sens parfois sortir neuf

A exister chacun tire la couverture à soi expose son portrait une pierre dans le main une autre dans la chaussure ( il faut bien équilibrer  bonheur et malheur ) A exister si quelque chose venait à se révéler avec les mots ce serait le goût de sang le goût de terre premier et dernier ce travail entre la vie et la mort ( il faut bien ouvrir et fermer les parenthèses)

 Je m'amusais à chercher des motifs pour ne pas être vraiment là et donner à cette envie  de prendre la tangente en courant la force qui me manquait L'amusement vira radicalement au sérieux quand je sentis  mes pieds s'éloigner du sol la tête égarée dans le bruissement d'un feuillage agonisant je fis amende honorable  et me mit à goûter chaque heures à vivre avant la chute  (Rochefort 20h30)

L'image est fausse le lieu n'existe pas ce qui s'imprime en mémoire brise l'odeur de fougère l'éblouissement d'un rayon une histoire ancienne absorbée par l'humus de nos sens ne sera jamais que la confrontation d'une image avec son interprétation   

J'ai des pattes d'oiseau qui hante ma tête des griffes et des serres qui me tiennent debout les gens que je croise ne voient pas combien je lisse mes plumes à me rendre imperméable aux regards qui tuent qui exigent leur dû Je suis le sujet indéfini d'une race qui n'existe pas je plane dans ma tête pour survivre au quotidien  qui te cloue au sol  

Parfois le matin se fait un ciel de n'importe quoi un bout de rêve le cri d'une hulotte un pas sur le trottoir... Les yeux lissent lentement les embruns de la nuit et tu sais qu'aujourd'hui sera suspendu à chacun de tes pas  

 L'insurrection du regard épuise la transparence du verre Quel taxidermiste voyeur  a ouvert l'imprononçable au fond de ces yeux en goutte à goutte chaque cri muet vient se cogner  sur la paroi glacée de l'indifférence de ce cri de ce regard je sors désorbitée