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Affichage des articles du février, 2021

un peu de brume collée au yeux

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  pour essuyer la brume du matin collée aux yeux de la ville il faut rester longtemps penché à la fenêtre un kleenex à la main  vu d'ici rien ne bouge ni moi les aubes se prêtent au spectacle du renouveau sur les toits silencieux là où vivent des êtres encore engourdis de sommeil j'entame la descente vers toi

je te fais une fleur

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    Si profonde si parfaite si fraîche si apaisante et tendre la terrible odeur d'humus dans le sous-bois

scène de nuit

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Avec des airs de rien un peu fuyants la tête sur l'oreiller de nuit câline a oublié ses rêves au bord du ciel A l'heure des derniers tremblements s'ouvrent des lueurs dans un coin oublié qui prennent congé dans un soupir Sommeil si parfaitement vain s'invitera bientôt dans les courbes  sous la tendresse d'un regard

maison patiente

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 Après tant d'ombres portées  après tant d'interminables  attentes et d'infinies fatigues après avoir respiré et suffoqué la patience des murs laisse  au ciel sa part de bleu et je suis à cette fenêtre comme sur le sable  ces vieux restes abandonnés

maison immobile

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La maison est immobile prompte à m'émouvoir elle fige les choses consumées dans l'inutile lumière qui l'habite La maison cache mon repos  je l'observe en douce pensive  et parfois je vois le soufre  sous l'apparente quiétude. Le soir allongée dans l'herbe j'écoute les doux murmures qu'elle retient dans ses bras j'essaie d'entendre son dernier cri. Si quitter un lieu qui tourmente revient à emporter le mal avec soi penser ne saura guérir qu'en portant hier dans les bras d'aujourd'hui

retour au port

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Coque vide d'estuaire animal marin dépouillé entre eau et ciel absents tu glisses sans bruit                 Image de ce corps                  du poids de ce corps                 qui n'avancent et n'existent                 que par le gris courant  Celui qui prend congé de ses traces ne trouve  dans les eaux opaques que le cri et la stupeur                de son âme ... Ou peut-être ne reste-t-il plus rien que le poids La nostalgie du poids d'un être vivant ... Le poète, un vide Georges Seferis, Le roi d'Asiné

parasite

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Ce parasite  ce gouffre qui aspire le meilleur de nous cette craquelure  sur notre peau à vif qui strate après strate grignote la chair de nos sentiments les meilleurs ce pire qui côtoie le meilleur ne sera jamais que l'usurpation de nous face au temps C'est ainsi nous nous dérobons à ce que nous désirons dominer  

sur le fleuve

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 Le fleuve entre les berges son flux compte les heures jour après jour Au soleil et à la lune il montre sa force et son abnégation  Sur la rive il y a les hommes ainsi qu'ils sont qui le regardent et qui désirent un autre monde dans leur triste solitude  d'aujourd'hui.

devancer le printemps

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Au matin les oiseaux pressés et l'herbe tendre viennent nourrir mon désir de chaleur dans le petit jardin au mimosa.  L'hiver a encore une fois perdu mais demain ses doigts glacés et sa voix d'eau claire prendront par surprise l'étourdie qui pensait entendre la cigale.

voyages en train

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J'ai vu le Rhône à Tarascon s'étirer l'espace d'une seconde dans le brouillard sale de la fenêtre du train J'ai guetté son ruban humide il faut garder de chaque voyage  une image ou une odeur parfois les deux Le train n'autorise pas les écarts sur les rails du début à la fin du voyage seul le regard s'échappe et la tête en errance  

un soir

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  Le soleil s'endort  doucement dans le soir trop clair Y voit-on les premiers signes d'un printemps remarquable ? Déjà les premiers vols de grues ont délivré les cris La longue ligne bleue rassure l'immensité calme  Je respire la fraîcheur  d'une étoile esquissée il se pourrait que le roulement inlassable vienne tout près  jusque dans la chambre ce soir

débroussaillage

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la beauté du chemin  se mesure à la caresse de l'herbe aux mollets hors des chemins balisés s'ouvre la vie féconde  

tant avant moi

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  Tant avant moi et tant après moi ce n'est pas une raison pour ne pas dire ce n'est pas une excuse à la douleur d'être ce n'est pas une façon de se défiler Tant avant moi et tant après moi et je suis là à me demander pourquoi

chacun fait comme il peut

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Chacun se rassure comme il peut à jeter un coup d'œil en douce aux lieux qui tiennent le cœur pour s'assurer de la présence pour compter les vivants et les morts pour ne pas oublier (le pourrait-il ?) Chacun prend mesure de sa vie comme il peut mesure du silence qu'il s'impose où qu'il impose à l'Autre pour avancer malgré tous les regrets  ou les remords qu'il ne peut avouer dans la tristesse des morts dans l'élan des vivants Chacun cajole dans ses mains son coeur  retient son souffle et veut prendre son vol pour entendre se lever encore et toujours les couleurs de l'enfance amoureuses de vie qui se consument dans la dernière chaleur au pied de la nuit où il erre incertain

sous tension

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Prendre congé  dans le calme bleu de l'espace infini du ciel et grimper la fière proue de ses envies laisse de beaux souvenirs même s'ils ne sont qu'imaginaires J'aurais bien aimé prendre de la hauteur et, malgré le risque de vertige, rejoindre les ouvriers tout en haut du  pont transbordeu r  

zone blanche

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l'immobilité jusqu'au moindre brin d'herbe tend vers le chaos  où que porte mon regard  où que se pose mon pas

navigation à vue

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Quand le paysage en nous-même s'efface et que nous pouvons en  évoquer un autre exténué par la transparence  de la lumière le regard ferme à demi les paupières vers un horizon de voiles douces Dans cet océan d'attentes surnage d'autres contours esquissés

coup de bambou

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chercher le panda ou faire fi de l'hiver dépaysement nul besoin d'aller bien loin ailleurs c'est dans la tête Il est trois heures moins vingt-cinq docteur Bonpland, l'horloge terrestre déconne. Dire que vous avez donné votre nom à un champignon et à un cratère lunaire de quoi ravir un autre natif, Jean-Loup Chrétien ! https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Aim%C3%A9_Bonpland

la forme du vide

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C'était l'été j'avais douze ou treize ans je ne me souviens plus très bien du haut de la dune on pouvait apercevoir des marsouins au loin bondissant dans les vagues Je  scrutais les flots et pour la première fois je vis ce courant il était là le lendemain et les jours suivants attirant ou repoussant étrange dans sa mouvance Depuis ce jour-là  je n'imagine pas la mort autrement que dans cette forme réduite en un silence que seule je veille et que j'offre au chant du vent du haut de la dune Il suffit que je tende l'oreille je l'entends respirer en moi

au bord du monde

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Insensiblement dans et hors du monde dans les détours du regard l'esprit irraisonné se coule autour des choses  fouille dans la profondeur de soi Sur la route inconnue entre curiosité de soi et étonnement devant l'autre que cherche-t-on au bord du monde  si ce n'est sa place et la manière de s'y tenir "J'habite au bord du monde, ou plutôt, non, pas exactement, j'habite au bord de rien, au bord de l'abîme, j'habite là où le monde n'est rien. Pour moi, ce qu'on appelle le monde se réduit à ça : rien. J'habite au bord de moi, car celui qui m'habitait n'est plus de ce monde." Avis de démolition - Frédéric Monlouis-Félicité (nouvelles - arléa - janvier 2010)

à sa place

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Aujourd'hui j'ai ouvert la fenêtre de mes deux bras et j'ai embrassé le matin dans une trouée de nuages La brume amassait dans les bambous un monde étrange et solide Je compris que je me trompais de place je n'étais pas seule sur le fil  occupée à écouter le vent  couler à travers mon plumage  Tous les matins depuis des années, nos regards se croisent. Ce couple de tourterelles niche dans un arbre devant ma fenêtre et passe une bonne partie de la journée à observer les alentours perché sur le fil ou le poteau. Nos regards se cherchent, et se trouvent, un de mes plaisirs quotidiens par la fenêtre .

vision dissidente

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L'œil effleure le monde et le vide d'autres yeux encore cherchent le familier ne le reconnaissent pas Cette voix pourtant est voix amie son trait tendu comme une corde ne se tient dans aucune contrainte en écoutant son grand cri c'est l'étrange que l'on éprouve Est-ce la mémoire qui fait mal ou le chemin qui est trop obscur? ... Jamais le plus ardent des poèmes n'élucidera l'aigre et furtive jouissance des sens. Pentti Holappa - Les mots longs (Le poème entier sur la page de l'anthologie 2)

retour (façon renouveau)

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Sur la route  décapoté le parfum de leur peau  se mêlant au vent et leurs rires à la traîne de l'été se prélassant  sur de vertes pelouses Dans ma main les pâles images ne pèsent guère plus que  l'affection dans mon regard ... Il faut s'émouvoir d'avant pour oser voir au loin  

retour (façon revirement)

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Dans les circonvolutions du cerveau de curieuses interférences dessinent l'aigre-doux des pensées De l'instant unique aux considérations opaques les tissus enflent l'imaginaire retour du temps ignorant la chair de l'homme   

retour (façon réexpédition)

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J'ai changé d'adresse j'ai changé de nom je me suis déguisée  pour faire croire  que j'étais autre je suis partie en voyage et je suis revenue... ...en ouvrant la boîte à lettres je n'ai trouvé que du courrier adressé à une inconnue Art postal Création Franche Bègles  

retour (façon réponse)

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Enfant nous posons les questions naïvement adulte nous n'écoutons que les questions qui nous conviennent âgés nous ne les entendons plus  en fin de compte  nous comprenons  que nous ne comprenons rien

à mots découverts

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Les mots des autres dans l'acouphène du sens chuintement continu  étonnée je les vois s'ébrouer venir caresser ma surface heurter mon monde sensible je ne sais si transpercée de leur vie alors qu'ils sont des milliers je pourrais ignorer leur vérité crue mais je suis sûre que je n'aurais jamais plus au-delà de la substance de leur chair dans l'espace du cerveau  qu'une vague jouissance de leur sens

laissez le chat dormir

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dans la lueur du soir   zone d'immobilité sur le lit défait ta main sur ma peau ombre sur le pelage frissonnante dehors l'hiver la fenêtre craque vibrisses aux aguets le chat sur le lit  entre nos jambes endormi ondule avec nous