avec un peu d'ombre posée sur les paupières en baiser d'amoureux je suis enveloppée dans ton souvenir oubli des peines d'une goutte de lumière le patio a fait paix et lumière
Tout ce que la lumière accroche à la pierre ombre de soi mêlée au passé tout ce que la lumière tait derrière la pierre chaude de l'oubli cet incompréhensible spectacle offert aux yeux dans le soleil déclinant écrit l'eau chaude au coeur du calme remuement des émotions
Poussière en raies trompeuses exhalées du sous-bois de la caresse du vent nait le trouble un instant le regard s'assombrit Derrière l'œil clos le sourire brûlant du jour traque l'ombre lourde de la mémoire des insectes Tous les drames de la vie se jouent sans compromis au revers du fragile basculement de quelques particules de poussière
La lumière à l'approche du soir demande un regard simple elle donne aux corps des choses une forme lisse et épaisse Tandis que l'oiseau se déroute du ciel que les silhouettes se fondent à la berge avant de s'oublier la perspective de l'obscurité paraît Rien de tragique n'oppresse l'œil qui lentement se dépayse repousse vers les profondeurs les désordres du jour Elle laissera sans doute quelques éclats capables de convaincre de son retour avant d'offrir à l'inconscient un dernier soupir de lassitude
dedans ou dehors l'origine des douleurs cache sa source *** la soif de clarté n'oublie pas les ténèbres elle les cerne *** il y a des ombres qui pleurent la lumière comme une faute
Sous la lampe je rêvais à de petits mondes la lampe en ouvrit de terribles et de beaux Les yeux mi-clos j'explorais chaque rayon je m'y égarais parfois avec leur assentiment Si j'oublie de l'allumer ce n'est pas que mes yeux soient fatigués ou blasés juste un peu las parfois
Longtemps j'ai regardé la lumière intensément phare dans la nuit aphone éclat lointain inutile Longtemps j'ai cru que c'était la lumière qui me sauvait trompait le vide et l'oubli une nuit elle a dénoncé ma confusion La non lumière dit tout cela et plus encore chaque regard par la fenêtre me remémore exactement son éclat nuit après nuit comme des souvenirs alignés début et fin de monde Longtemps j'ai eu l'idée et le regret de la lumière l'idée de reprendre l'ordre des choses je ne regardais plus par la fenêtre Mais si j'ai fermé la fenêtre à l'incertitude à l'énigme de l'absence ce n'est que pour user mes yeux aux éclats du jour foudroyer le cuir tanné de l'absence
Il n'y aurait là que lumière défunte si la subtilité du moment n'avait gravé chaque relief chaque nuance aux yeux de la mélancolie si le partage de l'illusion ne s'était offert comme topographie d'un monde ouvert
Le lieu et la résonnance inspira le choix de la place soleil savamment tamisé du parcours dans le verre naquit une inflexion de la lumière flatteuse signe délibéré de ce rien qui saisit le sens du désir foudroyant
Ainsi s'annonce la nuit d'une clarté éclatée au sommet des pins émotion lumineuse ouverture du coeur Au vol soudain d'une tourterelle le regard fuit un ébouriffement à fleur de peau Rien ne pourra empêcher le noir de l'emporter mais le souffle qui viendra clore les yeux sera aussi doux qu'un au revoir
Le jour déplie ses lueurs curieuses le long des ruelles. Les fenêtres muettes ignorent ce qui s'y murmure. Le chant d'un oiseau deux ou trois paroles perdues échappent à l'ennui. On pourrait croire que rien ne vieillit ici pourtant chaque pierre porte les rides des enfants qu'elle a couvés.
Dans l'espace convoqué entre l'être et son ombre furtive l'insaisissable béance du rêve. Les lignes mêlées dans la chute de la perception écrivent le lien entre image et mémoire. Un secret. Une échappée. L'appel d'un vent léger au regard intérieur.
C'était un soir à croire que le ciel pourrait décrocher ses étoiles une à une La fenêtre ouverte versait sur le vide de la nuit ce léger vertige qui fait pousser des ailes dans le dos. Était-ce la rue noyée dans l'obscurité ou les griffes dorées des clochers qui attiraient le plus intensément ou plutôt ce frôlement sur l'épaule appel à la bascule voluptueuse. C'était un soir j'y songe aujourd'hui à dérober chaque secret de la nuit mystique compagne
Aux premières chutes de feuilles nous pardonnerons à la lumière de s'oublier dans le ciel Sur d'autres rives nous poserons nos soirs à l'heure fragile oubliant notre âge un désir perdu dans l'ombre acceptera notre repos
J'ai vu le soleil se noyer sa lueur bue par les eaux Je ne l'avais pas vu tomber je ne l'ai pas entendu se plaindre j'ai fermé les yeux quand l'ombre d'un nuage l'a englouti J'ai goûté l'instant du bain secret son calme et sa mélancolie et m'en suis allée
Ce n'est pas parce que c'est le soir ni à cause de l'air qui semble soudain léger Ce n'est pas le pas paisible de l'oiseau avant la nuit encore moins la faute du temps qui presse soudain C'est ce reflet sur les plumes qui accroche le dernier rayon et qui permet d'espérer le retour de la lumière demain (au marais, 16 mars 19h les cigognes préparent la nuit) Max Richter On The Nature Of Daylight