Dune

Savoir être ce que l'on est l'expérience d'une vie le temps d'accorder la chose et son désir déjà la réalité n'est plus Nous n'en finissons pas  de mourir et revivre aux flambeaux fragiles du ciel de nos nuits (Abbaye de Maillezais)

Un jour le seul repère dans ma vie sera la pierre sur laquelle je serai assise et elle ne gardera plus que le souvenir du dernier chemin parcouru Sur la terre sèche autour de la pierre chaque parfum deviendra une énigme chaque trace se tarira dans l'aride désert de la pensée amèrement apaisée Un jour lorsque le monde n'aura plus à justifier son existence je pleurerai enfin celui qui s'est attendri avant d'oublier jusqu'à l'existence de son amour  

 Ce soir la fenêtre restera fermée c'est un soir oublié des anges sans broncher sans rien faire juste à regarder les feux des voitures filer indifférents dans l'obscurité Ce soir la porte restera fermée les averses de l'orage prévisible ne troubleront pas le pouls calme d'un intérieur obstinément muet enclos dans son coeur dissolu Mais quand se dépliera le drap propre et froid ce soir-là s'ouvrira aux plaisirs éphémères et cachera sa douce barbarie dans un soupir ou une larme

à O. La ville la nuit balaie les contradictions du jour l'œil prend la pose  questionne chaque petite fenêtre dans son rectangle Tant de forêts confuses  cherchent un sens aux étoiles on voudrait que la ville s'endorme mais elle persiste dans l'étrange rencontre  

Tri des volontés et des cheminements à emporter entre les choses petit souffle exténué à sécher les morts un autre monde dans l'or des origines incandescent

  de ce qui ne fait trace de toute façon je n'en saurais jamais rien  si ce n'était cette stupide curiosité qui trébuche  de ce qui blesse  de l'incapacité d'aimer du reçu et du donné je n'y peux rien sauf à balayer la poussière soulevée

Heures de pluie fine quand les arbres avalent l'ombre rassasiée d'eau seul reste le contour de la pierre chaude que tu laisses tomber au fond de ta poche trouée alors tu sais : ce poids à ton côté n'est que ce que tu quitteras par lassitude

cul dans la vase marée suivant marée  à fond de cale ce que surface cache en sommes nous jamais sûr  

 C'est une présence furtive dans les bambous  la vie qui ouvre le jour silhouette d'ombres  et de mystères  une patience dans le jardin harassé par le ciel Aussitôt disparue tu restes suspendue immobile... Guetter une présence est sûrement essentiel pour s'affranchir du vertige du temps

  La main épaisse du temps caresse un reste de souvenir la lune est aussi ronde ce soir que la tête d'un homme qui a trop vu qui n'en peut plus et la terre sue ses flammes dans la danse folle d'un pyromane dingue je lis partout les même mots les mêmes désirs la même nostalgie je ne comprends pas je ne comprends plus  je ne rêve plus je regarde la face hilare  de la lune avant de sombrer  dans le puits sans fond des merveilles nocturnes entre ciel et terre je vole j'ai toujours mes ailes  d'illusion

Toute la nuit le vent a joué entre les feuilles des trembles leur murmure me tenait éveillée silhouette des grands arbres mystère d'une nuit éteinte  ouverte aux bruissements sans chant sans cri sans désir Ainsi est venu le matin  le roucoulement lancinant  des tourterelles a tu les comètes de la nuit

Rien ne se passera aujourd'hui entre les premières et les dernières lueurs du jour dans le champ clos du déjà vécu le vent peine à souffler sous l'écrasant soleil là où je devine le flottement de la robe froissée du soir je vois que rien ne changera rien ne jaillira des flots rien ne dérangera ordonnancement des heures

 Au seuil de la marée  et du vent il convient d'édifier  son espace de paix et de certitude pierre à pierre. (St Jacut de la mer, marée basse)

 L'aube se tisse une brume sur mesure entre les berges de la baie un répis avant la montée du jour qui laissent mouettes et goélands sans voix De chaque côté du grillage des vies parallèles se regardent sans se voir chacun de passage use du paysage il fera encore chaud aujourd'hui