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Affichage des articles du novembre, 2020

droit d'asile

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L'arbre s'est ceint de douces  présences. cris d'enfants sous les feuilles folles déclarations songes tus de vieilles voix nu et muet il leur offre  le cercle dense  de sa vitalité  

sous-bois

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Horizon de trompeuse mélancolie dans ta terre s'emploie l'ombre tu voulais condamner mon désir à l'amère baie je ne mange pas de ce fruit perverti dans l'amas c'est l'ardeur que je goûte plus que la tristesse  

lunaire

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Il s'est mis à pleuvoir dans ma tête sous le vent radouci du soir. de vieilles douleurs assoupies  dans le souvenir. Dans la clarté nue de la lune le mur d'ombres des songes les a tues d'un rapide soupir  avant que s'envole le premier oiseau de nuit  

à la grâce du fleuve entre deux rives

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Le canal étire sa langueur derrière la vitre. Tout va si vite. Il faudrait ralentir le train  glisser l'eau de cette vie  dans le calme de la gouttière. Le fleuve charrie  alluvions et turpitudes lèche les berges poreuses comme un chien craintif. Ce n'est pas une caresse qu'il adresse au canal c'est une provocation. Derrière la vitre moitié canal moitié fleuve où le reflet mène-t-il ?  

ce désir infini de retenir la lumière

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air criblé de blanc au toucher ténu du vent le subtil parfum en mémoire préserver chaque larme du printemps sur la photo la lumière incertaine d'un jour de printemps retenir l'évidence avant qu'elle ne s'égare  

grains chauds entre les branches

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Déjà les branches dénudées ne cachent plus la mélancolie l'heure d'été n'est plus un peu comme dans ces objets oubliés dans un grenier fermé Dans les allées froides l'absence fatiguée parle aux souvenirs un peu comme quand j'étais petite et que je devais quitter la dune Déjà la lumière s'essouffle  au chant plaintif des tourterelles une lassitude sur les épaules temps de mémoire du corps de souffle bref entre les branches  

sous la vague

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L'eau a parfois besoin  de se reposer de l'air prendre le large. Les vagues de la mer  s'allongent alors sous le gris du ciel. Ne reste rien tout autour que le ronflement qui m'enlève.  

lumière du soir

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dans le cadre

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(à Pierre) ceint dans le cadre le regard focalise l'esprit galope Dans le cadre rassurant, le regard isole, fixe la plus petite variation lumineuse. La vie dans la petite fenêtre rassure l'œil tout en le ramenant à ses regards antérieurs : là, auparavant, il avait vu, il avait fouillé et avait senti ce qui est unique et inoubliable.  La photo ne limite pas l'espace, elle oblige à inventer le Hors champ  :  sous ce fronton au soleil couchant palais ou baraque ? Comment savoir quand le photographe se joue du spectateur ou est le spectateur ? Au conteur de nous dire l'histoire... regard intérieur  la vie dans la fenêtre image de soi  

amaryllis

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amaryllis il m'aurait plu de porter ce nom disposer sans façon de la qualité de fleur et je me serai perdue  dans la courbe rouge d'un  pétale  l'espace d'un épanouissement le temps d'espérer flétrir au soleil d'automne  

un frisson au bord du ciel

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Un instant la lueur impudique transperça l'eau j'y vis sans bruit entre les doigts de l'ombre naître la calme conscience d'une agonie.  L'infime reflet à la surface du soir eut un dernier tremblement  confiant mon trouble  à transparence de la lumière.  

pêcher le soir

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Le long des rives sombres le soir pêche les vieux restes du jour Au rêveur qui vient y capturer l'accalmie je vole le geste et l'instant  

à la recherche de l'ombre perdue

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au gris de la pierre le repos du branchage fait ombre assois ta marche toi qui sans fin t'égares dans ton ombre à peine éclairé oublié dans un recoin ce peu de chaleur  

l'unique

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  La vie a pris un coup de bleu elle en garde des ecchymoses  des vagues hémorragiques  qui hantent jusqu'au coeur  du plus petit grain.  L'amer marin garde encore l’illusion le sentiment qu'au loin apparaîtra caché derrière le miroir de soi l'image à chérir

le bleu n'est pas innocent

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Mon besoin de réconfort  celui de respirer librement se confondent avec les pentes sableuses. Dans les replis friables  telle l'herbe au vent mon coeur frémit à la vive lumière. Face au bleu immuable et mouvant depuis le premier jour il s'abandonne à l'horizon. Savoir pourquoi le bleu retient mon coeur si fort n'est pas innocent en lui je me reconnais.  

derrière le rideau de la nuit

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(à B.) douce présence sur la portée de la nuit ravit l'œil calmé Bientôt la lumière viendra crever la fenêtre. Combien de fois le jour  s'est-il invité sans que je n'y prête attention ? Lune accrochée aux rideaux vois-tu ma fenêtre et les ombres qu'elle cache? prise dans ses filets la lune redessine son éclat au ciel

les yeux ouverts

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On devrait faire certaines choses  comme si c'était la dernière fois :  fermer une porte ou un livre, embrasser ou tenir dans ses bras. On devrait faire certaines choses comme si c'était la première fois fermer une porte ou un livre embrasser et tenir dans ses bras Les yeux écarquillés  voir soudain comme si on s'éveillait au monde une dernière fois. Quand j'ai fermé les yeux le monde est devenu vivant la tourterelle dans le pin  a libéré son chant. Il a dit :"Peut-être un jour..." et l'image est devenue plus nette derrière les paupières l'obscurité a commencé à bouger. (2012)

parce qu'il faut bien que le chat y soit pour quelque chose...

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Par la porte entrouverte glissent de petites présences si fragiles qu'un battement  de paupière suffit à les effrayer. Un léger désordre dans les draps une photo qui oublie son support saisissent l'œil et suffisent à signaler leur présence. Bien sûr la porte qui claque ou le passage du chat n'y sont pas étrangers pourtant je continue à croire en leur douce compagnie qui comble mon coeur

pour avancer prudemment vers le jour

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En éveil dans le matin frais de longues heures  j'ai promené ma nonchalance comme une graine sauvage La brume dispensait bien assez d'illusions pour me donner le courage d'aller vers le jour Un doux abandon de l'esprit au-dessus du temps  

la déchirure

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Dans la brève euphorie des jours que sont étranges les fatigues qui soudain nous mettent à terre. Tout apparaît plus tard quand entre les fibres arrachées à notre lassitude apparait l'image originelle  qui tente de nous reconquérir. Si réelle et si présente la déchirure s'installe dans chaque interstice  de la trame qui nous fait humain menaçant de la briser de sa sourde lame.  

des ailes dans le dos

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C'était un soir à croire que le ciel pourrait décrocher ses étoiles une à une La fenêtre ouverte versait sur le vide de la nuit ce léger vertige qui fait pousser des ailes dans le dos. Était-ce la rue noyée dans l'obscurité  ou les griffes dorées des clochers qui attiraient le plus intensément  ou plutôt ce frôlement sur l'épaule appel à la bascule voluptueuse. C'était un soir  j'y songe aujourd'hui à dérober chaque secret de la nuit  mystique compagne  

jeu de construction

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Avec précaution il se pourrait que les infatigables assemblages de nos vies résistent un certain temps au vents contraires. Avec obstination il pourrait arriver que dans nos failles grandissent quelques obstinés intrus et leur rumeur. Sans crainte il saura arriver qu'entre les pierres fragiles de nos murs disparaisse peu à peu la clarté lointaine au seuil du long soir.  

déjeuner au balcon

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  (à C.) Elle est venue me retrouver cette couleur trouble  cette silhouette perdue dans le contours lointain des nuages. É cho de deux voix et cris des oiseaux en arabesques cernent les contours du doute. Après tout ce temps voici éparpillés sur les branches du plaqueminier les traces vives  de notre présence tapie dans le vert. Après tout ce temps le fruit juteux de l'amitié  n'a goût de miel que pour quelques avides étourneaux.  

migration

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le grand voyage frisson de liberté le regard en l'air Sur le gris du ciel en quelques battements d'ailes s'impriment les cris Les oiseaux de bonne augure  de l'ornithologue Philippe Dubois  (Les têtes chercheuses France Culture)  

celle qui ne veut dire son nom

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Elle joue de l'intime de notre vie du semblant dont on se travestit et de cette crainte qui toujours nous tient en éveil. Elle a ses mots muets de tristesse ses poussières grises accumulées en couches épaisses au coeur je la devine sombre. Elle a le nom que je veille absence brisée par le sang je la surprends à murmurer veuve dans mon reflet.

regret de la nuit

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Prenant élan sur les ombres le jour saute de branche en branche. A présent les étoiles ne sont plus que poussières silencieuses derrière mes paupières à demi fermées. J'attendrai la nuit prochaine comme le remords de celle  qui vient de finir.  

immersion silencieuse

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dans l'œil de la mer des formes fabuleuses et le déluge gracieux bras nus au fil du courant déliés nageuse immobile  échos irisés le frisson muet de l'eau touche l'infini  

guetteur dos à la nuit

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La face de la nuit s'approche  calme infini veilleuse lustrée ronde comme  une feuille sèche Vigie suspendue au temps elle glisse entre  deux branches son bruissement   saisit l'œil poursuit  sa route volant l'ennui  

dans les nuages

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Le cours des jours change selon mon humeur au gré de ma course et de mes illusions pas un seul ne m'est fidèle ainsi va la surprise de n'être jamais à l'instant donné  

les pieds dans la vague

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Quand le temps clapote à nos pieds on s'imagine des horizons d'éclaircie Souvenir de tempêtes sous le parfum des algues  à la saison des brumes c'est dans la solitude soudaine que se mesure le bonheur égaré.