Voûte des cimes paysage interieur en boîte crânienne La mémoire des arbres glissent dans le temps sa réalité tactile Tout ramène au végétal la pensée en mimétisme renait de sa puissance poétique
La forêt se terre tel l'animal tapi dans l'ombre forces odorantes tendues entre ciel et sol rien n'a lieu ni ne bouge ici pas et souffles absorbés d'évidents messages s'écrivent en ce qui se tait à chaque espace retenu nait l'accord pressenti blotti à fleur de terre où veille le temps vierge
Les ombres de la nuit résistent qu'importe les rêves fanés dans l'éternel balancement des cimes le désir foudroie le clair-obscur des âmes Impression de ranimer une voix morte d'exhumer les mots premiers les ombres titubent et nous avec les matins de profond silence Les ombres de la nuit résistent mais voici la main qui effleure la peau enflammée de l'écorce et l'embrasement déshabille la forêt
Le temps somnole chatoiements verts mouvants au-delà des lisières obscures Siège de la mémoire dans les lacunes endormies le gisant des désillusions Compagnons sortis du feu dressés tels des totems accusateurs désormais silencieux
Juste comme la feuille belle et franche là où la couleur hésite Horizon et limite de la pensée déposée en l'homme En ces jeux de lumière l'épure du silence poing fermé du terreau Dans son écrin la mémoire des arbres une grandeur à oublier le ciel
Dans la forêt derrière la dune la peau des arbres parle du chaud dans les veines du désir et de la nostalgie de la rude terre assoiffée. Ce n'est pas l'appétit qui les mène s'ils s'accordent quelques libertés et font œuvre de grâce et d'audace ce n'est que pour tenter de survivre
Un soleil incertain posé sur la ville et c'est l'espace qui fait défaut Entre les murs gris fatigués l'esprit cherche un tressaillement une joie claire sur les pavés mouillés Un parfum dans l'herbe humide de la place réveille l'attente comme si les cimes heureuses des grands pins s'échouaient soudain au coeur de la cité sans joie. Vite déguerpir !
semée à la volée la graine prend racine le sanglier ou le brocard en feront leur régal que sauront les générations futures de l'intention de la terre de ces petites choses abandonnées à l'humus bonheur dans cette poignée à la mesure du coeur
Amarré au ciel qui chancelle une odeur de résine habite l'âme. Il faut au regard la persévérance de la lente croissance du bois pour qu'assis aux cimes il s'emporte au-delà de l'obscur. La nuit aura beau glisser dans les mailles il y aura ce manque, cette absence, ce temps vers l'aube une lueur sur l'épaule, où tout est possible où tout est retenu.
J'ai la forêt coincée au fond de la gorge mer obscure figée parcourue les pieds nus son chant aigues obsède mes acouphènes Le balancement des pins me donne le vertige et l'odeur de la tourbe me fait saliver rien n'est silencieux sous les pins ni dans la tête "Si la forêt mourait, le monde inconsolable, Irait jusqu’à la mer recueillir ses sanglots..." * la forêt console ma petite âme percée elle, mon délicieux mal du pays * Jean André Jeannin, Songes sur la lande
Ta marche, pas rapide au plus près des vagues parcourt la plage, vire vers la forêt, tu vois l'écume blanche se refermer sur les troncs dans la pénombre que tu crois sereine, de l'autre côté du visible, sur le rivage immobile et gris un autre toi suit sa nuit sans bruit, pensée perpendiculaire, à chaque appui, tu sens la vague croître, immense, dans le souffle des cimes.
Le sentier ne peut être séparé de la forêt il est la forêt j'avance donc dessus en harmonie avec chaque arbre et chacun de mes pas trace une ligne durable qui me perd et me prend
Horizon de trompeuse mélancolie dans ta terre s'emploie l'ombre tu voulais condamner mon désir à l'amère baie je ne mange pas de ce fruit perverti dans l'amas c'est l'ardeur que je goûte plus que la tristesse
C'est une même terre une même source qui alimentent mes rêves un ventre unique habité du silence du ciel et des arbres que je nourris Je ne demande rien d'autre à la vie que ces racines qui m'ont faite complice du sable et de l'eau que ce frémissement d'ombres et de lumières cousu sur mes lèvres que ce peu qui depuis l'enfance guide mes pas et me pousse dans le dos
un parfum de nuit amarré au premier rayon hante chaque tronc *** pas à pas prudent l'aube marche sur le dos de la nuit qui fuit *** d'un léger frisson la peau de l'aube se ride linceul de la nuit *** tout renaît au jour dans le regard tranquille soupir du matin *** des brassées d'ombres tout se perd dans la mousse odeur du sous-bois *** tout renaît au jour la peau de l'aube se ride odeur du sous bois. Arnaud
Il a neigé sous les pins de pâles lichens et des mousses tendres Dans ce pays sans froid la pluie réveille les flocons souffle de la terre mémoire de ce sol farouche où je perds ma trace.
Tant de fois j'ai parcouru la ligne claire. Etre là, simplement là, à l'abri du cœur dans ce paysage comme un destin expression d'un passé à l'éclat paisible. Tant de fois je me suis assise sur le bord du grand espace bleu, acropole de l'enfance poitrine ouverte à tous les ciels dressés jetant aux courbes blondes le son de ma voix Tant de fois j'ai vidé ma tête au vent océan écrit du regard chaque vague pour me sauver pour saluer ce qui reste et ce qui est parti. Où aurais-je pu mieux qu'ici apprendre à parler, rire ou pleurer ?
Dans le mouvement lent des éléments l’œil caresse les courbes inépuisables nul chagrin ne résiste à la montée de la conscience nulle fatigue ne fait taire l'appel de l'espace Emballement du cœur muette stupeur cri de joie La respiration accélère le pas aucun mot ne peut dire l'émerveillement de la dune au soir couchant son chant toujours identique et si différent une sidération