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Affichage des articles du mars, 2023

serrure

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  Le passé est jaloux de ses zones obscures il nous coince dans la serrure grince comme un gond rouillé L'entrevu ou le déjà vécu irriguent notre intimité de vagues silencieuses de hasardeuses questions Le passé a des bouches noires pleines de sollicitude  pour nos ridicules évitements affectifs  des portes ouvertes peut-être à jamais perdues

froid du soir

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 Soir froid comme un clou planté dans ce qui trébuche dans le vol d'un rapace la ligne fuyante d'une eau trop rare ou la crête des nuages au ras des pins Le retour s'obstine à construire  des soirs qu'il abandonne à la limpidité des dernières lueurs et tu en redemandes et tu t'arrêtes ici tâter  le froid petit lait de la peine

sans bruit

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 Aperçues à mes pieds ces ombres sur le sable qu'un coup de crayon ou un poème ne saurait décrire quelque chose qui s'écrit dans l'instant du regard d'où jaillit une joie grave liée à cet endroit précis

ce qui nous ronge

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 la mort expose son parfait habillage travail accompli perversion du parasite  sensible dans l'oeil averti

journal de bord

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Tu regardes derrière toi et te dis que le sillage est clair Tu clignes des yeux cherches le cap qui éviterait l'obscure tempête ou la vague scélérate Les règles de navigation  obéissent rarement aux désirs d'indépendance  à la métaphore foireuse ou aux préceptes glissés  entre deux pubs dans un journal "féminin" Assise face à l'estuaire  tu notes le bac revenu la marée haute sur la berge les groupes de jeunes aux voix fortes l'air frais de mars glissant de l'eau aux pages de la vie d'Aimé Césaire que tu relis  dans l'espace d'un sourire intérieur en reprenant la piste tu te dis qu'il y a là un équilibre presque parfait une voie navigable à préserver  Sur l'autre rive le soleil caresse déjà  la cimes des arbres

descente

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La descente n'est pas tragique  si elle est accompagnée  si rien ne se quitte sans un certain regret le bruit de tous les pas  reste imprimé dans la pierre Je ne vous connais pas je ne vous reconnaîtrais pas mais je sais vos pas à ce moment précis   

contrepoids

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 Il n'est rien à écrire sur le matin ou le renouveau qui n'ait déjà été écrit  que chercher de plus dans ce qui brouille vue et esprit donne à chacun une pierre à polir encore et encore petit poids à glisser  dans sa poche tout le jour  à jeter au soir  tels ces mots sans désir de faire œuvre ni d'imprimer trace 

prunus

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 le regard glisse de la fenêtre de verre au manteau de printemps la photo fixe l'éphémère  un vieux désir de mémoire 

disparition de l'eau

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  Certains fleuves parfois disparaissent dans le sable intarissable ou un gouffre pour reparaître à des dizaines de kilomètres Ainsi la mer nait de la brume et s'y noie entre mystère et mélancolie entre un déjà vécu et un peut-être à vivre figés dans la lumière Ainsi ce matin l'eau du ciel en vagues aveugles insiste sur les volets clos ouvre à l'inutile un rêve oublié ou qui n'aura pas lieu avant de taire son destin d'orage

passage

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  traversée du pont le fleuve et ses  méandres en frontière floue le passage est heureux quand parvenir est désir

entracte

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Dans les heures gagnées  aux dépens des nuits sans rêve  la musique tapisse les murs de sa lumière de porcelaine À la réflexion je ne suis plus sûre des limites du non rêve  ni du bruit des pas sur les marches ou de l'ombre imprécise de la silhouette  ni de la photo où affleure la présence (le mot photo lui convient-il aujourd'hui ?) l'évanouissement des notes suit son cours dans l'enchevêtrement de la mémoire 

cambrure

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 l'absolu bleu en cambrure de la dune sauf des limites lien entre image et réel  toujours la même émotion

crépi

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L'ouvrier lisse le mur sa main noie les aspérités ou bien est-ce lui qui disparaît aspiré par la tâche il devient transparent absorbé par des façades sans fin il lui dit que les travaux ne seront pas payés ce n'est pas le bon enduit il l'expliquera à Patrick... l'ouvrier lisse sa vie pour se faire oublier  pour taire cette langue que l'on ne comprend pas l'ouvrier est échangeable demain il sera sur un autre chantier il y a tellement de murs à lisser