« Oui, on lit par protestation contre la vie. La vie est très mal faite. On y rencontre sans arrêt des gens inutiles. Elle est pleine de redites. Ses paysages sont interminables. Si elle se présentait chez un éditeur, la vie serait refusée. »
"J’ai éprouvé cette grande loi de la lecture, que le livre ne se donne pas si on le parcourt. Il faut s’abandonner complètement à lui, esprit comme corps, esprit plongeant dans les pages comme la tête »
« Mon contradicteur, mon frère. On pourrait imprimer un avertissement au dos des livres : «Attention ! Les lectures qui vont trop dans le sens de vos pensées ou de vos goûts peuvent être dangereuses. »
Charles Dantzig Pourquoi lire ?

Calée entre Dantzig et Manguel je regarde ma bibliothèque. Que contient-elle qui ne soit le résultat d'une recherche ou d'un curiosité ?
Pour preuve, ces quelques volumes offerts qui ont la fâcheuse tendance de prendre la poussière.
A quoi me servent des livres qui ne m'apportent que des mots, des livres qu'il faut lire car ils sont d'auteurs à la mode ou primés ou... (chut, je vais être désagréable !) ?
Il faut dépasser le stade de la lecture des mots pour que lire soit cheminement, transport vers un autre moi, errance sans but, lutte contre sa cécité.
Mes seules vraies lectures sont celles qui me mettent en danger et non pas celles qui ne me procurent que du plaisir, celles qui font de moi une autre lectrice.

" Il me semble d'ailleurs, écrivait Kafka en 1904 à son ami Oskar Pollak, qu'on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un bon coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? Pour qu'il nous rende heureux, comme tu l'écris ? Mon Dieu, nous serions tout aussi heureux si nous n'avions pas de livres, et des livres qui nous rendent heureux, nous pourrions, à la rigueur, les écrire nous-mêmes. En revanche, nous avons besoin de livres qui agissent sur nous comme un malheur dont nous souffririons beaucoup, comme la mort de quelqu'un que nous aimerions plus que nous-mêmes, comme si nous étions proscrits, condamnés à vivre dans des forêts loin de tous les hommes, comme un suicide - un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. Voilà ce que je crois. "
Alberto Manguel Une histoire de la lecture

(photo, Mon dernier corps Kiki Dimoula trad Michel Volkovitch)

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