Nos lectures, le choix que nous en faisons, leur moment, les réseaux que nous tissons, sont-ils toujours totalement délibérés ?
Lire un traité sur l’indifférence au milieu de la nuit ou sur une plage en plein soleil, se plonger dans des nouvelles sur les veuves, les mourants dans un hôpital ou dans un jardin plein d’oiseaux piaillant.
Lire pour ressentir, user du texte pour mieux comprendre ou user du milieu pour prendre conscience les mots.
Cette perméabilité fait le relief de nos lectures, fait que, lorsque nous fermons le livre, nous savons que si nous ne l’avions pas ouvert et lu, notre monde serait différent.

"Dans la lumière, nous lisons les inventions des autres ; dans l'obscurité, nous inventons nos histoires, à nous. Bien souvent, assis sous mes deux arbres avec des amis, j'ai décrit des livres qui ne furent jamais écrits. Nous avons bourré des bibliothèques de contes que nous ne nous sommes jamais sentis obligés de mettre sur papier ; "Imaginer l'argument d'un roman est une besogne heureuse, a un jour dit Borges. Aller jusqu'à l'écrire est une exagération."[...] Collectionner des livres imaginaires est une occupation ancienne [...] La bibliothèque que Rabelais invente est sans doute le première "bibliothèque imaginaire" de la littérature. [...]Il y eut un cas où la bibliothèque proprement dite et les titres des livres étaient également visibles, bien que les livres représentés fussent imaginaires. A Gad's Hill Charles Dickens avait assemblé une importante collection... Sur ces dos, Dickens s'était amusé à inscrire les titres d'oeuvres apocryphes en tous genres : les tomes I à XIX du Guide du Sommeil...."

Alberto Manguel La bibliothèque la nuit, XIII L'imagination

Commentaires

A lire ou relire

pas d'inquiétude

on ne va pas se genêt

allée et venue

presque inaperçu