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un peu de brume collée au yeux

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  pour essuyer la brume du matin collée aux yeux de la ville il faut rester longtemps penché à la fenêtre un kleenex à la main  vu d'ici rien ne bouge ni moi les aubes se prêtent au spectacle du renouveau sur les toits silencieux là où vivent des êtres encore engourdis de sommeil j'entame la descente vers toi

je te fais une fleur

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    Si profonde si parfaite si fraîche si apaisante et tendre la terrible odeur d'humus dans le sous-bois

scène de nuit

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Avec des airs de rien un peu fuyants la tête sur l'oreiller de nuit câline a oublié ses rêves au bord du ciel A l'heure des derniers tremblements s'ouvrent des lueurs dans un coin oublié qui prennent congé dans un soupir Sommeil si parfaitement vain s'invitera bientôt dans les courbes  sous la tendresse d'un regard

maison patiente

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 Après tant d'ombres portées  après tant d'interminables  attentes et d'infinies fatigues après avoir respiré et suffoqué la patience des murs laisse  au ciel sa part de bleu et je suis à cette fenêtre comme sur le sable  ces vieux restes abandonnés

maison immobile

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La maison est immobile prompte à m'émouvoir elle fige les choses consumées dans l'inutile lumière qui l'habite La maison cache mon repos  je l'observe en douce pensive  et parfois je vois le soufre  sous l'apparente quiétude. Le soir allongée dans l'herbe j'écoute les doux murmures qu'elle retient dans ses bras j'essaie d'entendre son dernier cri. Si quitter un lieu qui tourmente revient à emporter le mal avec soi penser ne saura guérir qu'en portant hier dans les bras d'aujourd'hui

retour au port

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Coque vide d'estuaire animal marin dépouillé entre eau et ciel absents tu glisses sans bruit                 Image de ce corps                  du poids de ce corps                 qui n'avancent et n'existent                 que par le gris courant  Celui qui prend congé de ses traces ne trouve  dans les eaux opaques que le cri et la stupeur                de son âme ... Ou peut-être ne reste-t-il plus rien que le poids La nostalgie du poids d'un être vivant ... Le poète, un vide Georges Seferis, Le roi d'Asiné

parasite

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Ce parasite  ce gouffre qui aspire le meilleur de nous cette craquelure  sur notre peau à vif qui strate après strate grignote la chair de nos sentiments les meilleurs ce pire qui côtoie le meilleur ne sera jamais que l'usurpation de nous face au temps C'est ainsi nous nous dérobons à ce que nous désirons dominer  

sur le fleuve

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 Le fleuve entre les berges son flux compte les heures jour après jour Au soleil et à la lune il montre sa force et son abnégation  Sur la rive il y a les hommes ainsi qu'ils sont qui le regardent et qui désirent un autre monde dans leur triste solitude  d'aujourd'hui.

devancer le printemps

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Au matin les oiseaux pressés et l'herbe tendre viennent nourrir mon désir de chaleur dans le petit jardin au mimosa.  L'hiver a encore une fois perdu mais demain ses doigts glacés et sa voix d'eau claire prendront par surprise l'étourdie qui pensait entendre la cigale.

voyages en train

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J'ai vu le Rhône à Tarascon s'étirer l'espace d'une seconde dans le brouillard sale de la fenêtre du train J'ai guetté son ruban humide il faut garder de chaque voyage  une image ou une odeur parfois les deux Le train n'autorise pas les écarts sur les rails du début à la fin du voyage seul le regard s'échappe et la tête en errance