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par habitude

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Dos à la chambre silencieuse bras pleins de la vibrante présence au soir ne reste du jour que quelques cimes conquises entre des branches hirsutes et quand la rumeur du crépuscule cède au fantasme obscur le regard porte vers le pin espérant deviner en lui une réponse à l'improbable sentiment d'être "Qu'est notre insomnie, sinon l'obstination maniaque de notre intelligence à manufacturer des pensées, des suites de raisonnements, des syllogismes et des définitions bien à elle, son refus d'abdiquer en faveur de la divine stupidité des yeux clos ou de la sage folie des songes ? L'homme qui ne dort pas [...] se refuse plus ou moins consciemment à faire confiance au flot des choses." Marguerite Yourcenar - Mémoires d'Hadrien  

autre fenêtre

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Esquivant toute présence fatigué, pensif, le regard traîne un peu ailleurs en absence de soi Plus tard penché sur le souvenir l'illusion compendra que monde et esprit furent du même mystère une grâce  

crachin

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Un petit crachin têtu s'obstine à coller au jour qui peine à s'installer Dans la bouche un goût de varech relent saumâtre de la dernière marée  Jusqu'au tamaris qui n'ose disposer de l'espace en équilibre coincé sous sa peau trop dure  Le silence de l'eau accuse le vide d'oiseaux rien ne surprend les yeux sur le gris lisse  

coup de froid

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Tu vois au loin le soleil givrer les fenêtres bleues toutes les issues comme si le ciel voulait envahir l'espace Tu cherches ta main pour contenir le tremblement le fais disparaître dans un mélange de souvenirs et d'oublis que tu serres dans tes bras  

cultures d'hiver

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Le vert apprivoise les champs s'allonge jusqu'à la forêt ose défier sous la lumière d'automne le bec des oiseaux Partout des graines de silence en semi de patience  

pélérinage

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Si au détour d'un porche l'enfance revient par bouffées humides sur les joues la contrarier serait se perdre la perdre... elle qui veille dans le noir tout au fond de nos yeux nous prend par la main use la cendre et le feu elle la gardienne des paroles orphelines  de nos rêves perdus

temps de revenir

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Le jour où le ciel brûla ses étoiles pour écrire longuement la nuit  les mots oubliés retrouvèrent le goût des rêves déchiffrés à voix basse Patiemment dans leur murmure les nuages s'inventèrent des îles il était temps de reprendre la route puisque qu'il n'y avait plus rien à se dire

temps de partir

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Un temps approche  obéissant à l'heure de l'histoire qui se répète implacable et vide Je parle du temps qui lâche  ta main et dérobe la lumière temps où le verbe s'oublie parce qu'il est soir Quand le coeur se lézarde et le sable reste sec quand le feu ne réchauffe plus et le rire se dérobe au vent la pierre lourde de chacun  de ses grains pèse dans la main.

Un certain matin

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On aurait pu croire que tout était terminé alors que   rien n'avait commencé... Une lueur dans le regard un reste de parfum sur la peau mouraient lentement  alors que chaque meuble chaque grain de poussière chaque ombre ou lame de paquet prenait soin dans la chambre de l'heure longue du réveil et que le soleil se levait  rouge de désir inassouvi

plume

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Des plumes sur le pré la tourterelle n'est plus sur le pin et l'arbre remonte l'histoire branche par branche Une vague d'insectes brille comme une certitude l'herbe prendra soin de l'esprit du lieu