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aube

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  L'aube pose une nonchalance sans embarras sur le rebord  de la fenêtre ensommeillée Dehors la rue noyée dans la pénombre chuchote quelques rêves égarés comme si le jour devait s'en effrayer Est-ce le chant d'un oiseau ou ce léger souffle par le fenêtre  qui froissent le silence de la maison ? La lueur de la lampe de chevet meurt contre aujourd'hui et s'effraie  soudain du temps perdu à attendre la lumière

parce qu'il faut bien en rire

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Les hommes font des rêves créent leurs envies de jouir de tout dans des mondes de fantaisie En toute innocence ils disent posséder leur liberté Mais que savent-ils des bêtes et des plantes Les hommes les pensent à leur image bien loin de la réalité si loin de l'arbre enraciné  

dans le corps de l'autre

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Les questions ont été posées sais-tu maintenant où aller ? Quand le monde échappe tout est différent en toi et en dehors même la trace de tes pas te semble étrange. Le soleil continue de se lever à l'est et la lune sa rotation sans fin mais toi qu'espères-tu le matin quel objet t'attire au point  de t'oublier en lui ? Il y a longtemps que j'ai appris  qu'à se tromper d'ombre on ne défie  que le soleil Alors regarde ton corps s'allonger  à côté de l'autre et mesure cette raison qui dit sacrifice en vue de tranquillité  ...chacun extérieurement, devant les autres, se montre plein de dignité : mais chacun sait bien tout ce qui se passe d'inavouable en nous dès que nous nous trouvons seuls avec nous-mêmes. L. Pirandello, Sei personaggi in cerca d'autore, atto unico (Il Padre)

en lutte

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Les paupières se sont refermées sur la lutte. Quand s’était-elle engagée ? L’étreinte fut si forte  qu’elle a étouffé jusqu'au souvenir de la fissure. Peut-on parler de lutte  quand les yeux restent ouverts malgré tout ? L'étreinte fut acceptation  jusqu'à annihiler la peur dans l'esprit  jusqu'à le dépecer. C'est la forêt qui nous tait lorsque le pas se fait lourd lorsque la langue se perd. Ouvrir la bouche, le corps la tête à l'océan jetée par-dessus la dune.

dressé contre soi

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L'oreille accroche aux cimes des soupirs qui s'envolent   mots inachevés si souvent entendus familiers du chemin La rumeur qui monte enveloppe de ses odeurs chaque pas parle de ceux qui ont creusé le sentier  aujourd'hui disparus c'était autrefois          c'est maintenant.

dans les plumes

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  Au large de moi croisent d'étranges oiseaux rémiges dressées tentant d'ignorer  le duvet ébouriffé  Leur ombre plane à mes côtés tantôt proche tantôt si lointaine que leur présence interroge ma réalité d'être Pourtant je les regarde avec une bienveillante ironie que serais-je sans eux qui m'ont couvé  qui ont mué et grandi pour me permettre d'exister ?

Repaire

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Il n'est pas rare  qu'au seuil du crépuscule le chant d'un oiseau égaré  vrille de sa vibration légère la fine couche d'amertume  déposée heure après heure. Etrange sensation d'une perte indéfinissable blottie sous le derme du jour vite avalée par l'ordinaire  et rassurant regard par la fenêtre   —  avec ou sans tourterelle  — 

remous

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Matin chagrin retenu et le moindre geste un simple regard par la fenêtre une parole échangée ou tue  traînent leur voile gris Matin d'horizon fondu au ciel dans la brume tenace Certains jours à trop vouloir se chercher on finit par se perdre le doute envahit l'esprit  l'entraîne dans le courant  de ses remous  

fruits d'hiver

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À M.  Quelques fruits délaissés par les étourneaux résistent vaillamment sur les branches nues telles de coquettes boules de saison Je les regarde par la fenêtre lentement s'étioler certains prêts à tomber sans personne dessous pour les ramasser Pourrir ou se dessécher l'alternative épuise à bien la considérer toutes sagesses

solstice

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perchée sur la branche  l'apaisante présence  ronde et lumineuse la solitude n'est rien  à qui sait ouvrir les yeux