Dune

 Devant le miroir de la salle de bain masquée par la brume de la douche presque une image de soi mis à part les détails fâcheux du temps Contours révélateurs d'un autre être intérieur figé au-dessus des volutes avec tous ses arguments et ses droits à l'image non contractuels Entre les deux une fureur parfois vient se glisser ou une douceur agaçante pauvres philosophies de l'existence  lessivées à grandes eaux chaque matin

 Aucune réalité  plus intense que le courant  rive calme dans les rayons épuisés du jour soulignée du cri de l'oiseau

un seul pas mène de la lumière du matin  à l'ombre du soir être vivant se résume souvent à peu de chose *** marée basse de l'eau claire un cri sort la nuit parle déjà être vivant commence dans l'esquisse d'un sourire

autrement dire que la jouissance du hasard dans un fondu absolu ne sera jamais abandonner la réalité mais bien la sublimer ainsi le vert souligne le contour du rocher dans l'imparfait de la digue hors la marée 

La nécessité d'être là se disputera toujours avec cette mélancolie inlassablement puisée aux mythiques horizons enfantins Dualité des sentiments portée par chaque vague je ne cherche pas à découvrir d'où vient l'écume Ou comment se figent les contours s'ils débordent et s'éparpillent je fixe le regard sur le moment entre noyade et résurrection obstinément  

     Rien ici et maintenant ne souligne la vérité du lieu ni le faux calme qui y vit     un peu comme si sous l'aspect paisible de la coquille ourdissait une tempête prête à déferler à la moindre faille     et la peau lisse de chaque chose laisse  varapper le regard sans prise pour le sentiment          Rien ici et maintenant dans le flou volontaire entretenu ne présage de tout le bonheur ou de la debâcle à venir

Untel t'attire tu t'étonnes de ces antennes communes que tu classes instinctivement dans ta famille tu observes son comportement y trouves matière à réflexion lui confies ta parenté en toute sincérité avant qu'il ne te dévore et te digère dans sa carapace vide Autrefois tes leçons de choses dessinaient un espace aux heures longues mémoire de la terre aujourd'hui confiée à Wikipédia la marche du monde  devenue effrayante soumet l'innocence à la réalité du nuisible à venir  Pour en savoir plus sur les longicornes de France, une étude passionnante

la terre s'endort sous l'embrasement du ciel feu du jour dans l'oeil   rouge fait paysage  j'y pose un mot d'eau fraîche

  un apaisement le frisson d'une feuille sous un ciel plombé

 reflet paisible on pourrait croire à l'Eden en nous la bête

Bien caché dans l'ombre de l'été précoce un soupçon d'évasion provoque le regard Entre les cils se faufile un courant d'air malicieux et impertinent partir d'ici se murmure Les pommes auront tout le temps de grossir l'herbe de griller à leurs pieds le ciel décide et tu le suis  

 

tant de tri fait à notre insu dans nos vies le prix de la tranquillité le peur de l'anxiété la rançon du manque de curiosité alors  on lisse on égalise on se rassure en peignant en bleu chaque ciel une assurance contre  toutes mauvaises surprises (photos similaires proposées par Google photos à mon insu  )

Tu appliques une couche de blanc aux restes du jour de vieux restes posés là à attendre on ne sait quoi et dont tu ne peux/veux  te séparer Le papier se mouille  de mots qui ne suent plus ça déborde ça sort du cadre Tu scrutes les effets de l'eau penses un instant retouches sans y croire juste pour garder un peu ce désir ou cette inconscience que tu traînes derrière toi en vieux chien fidèle qui crèvera avec toi  

  La vie trace sa ligne souterraine effacement après effacement dans l'indifférence de la pente  et du ciel qui la dépasse Un jour tu découvres un fil tu le tires à n'en plus finir à n'en plus pouvoir à le rompre  et tu tombes à la renverse  Tu fouilles les racines grattes à t'arracher les ongles le sable stérile des années tu trembles entre les herbes

 ce souffle subtil dans la courbe de l'oyat  odeur de l'émotion certains lieux certains instants  nous libèrent de la pensée

 Aux détours d'un soir surgissent des parfums d'enfance brusques montées au filet chargées de tamaris collés entre les orteils des grains d'un ailleurs que l'on hésite à reconnaître comme un soi égaré  dans la lumière déclinante les yeux humides clignent prennent la tangente  prétextent un rayon agaçant alors qu'à l'intérieur une convoitise intense dilate le coeur un peu las d'un soupir adolescent c'est l'histoire d'un instant d'une parfaite heure distendue d'un tremblement qui raille et invite à s'assoir maintenant

  Dans la face blanche du matin j'ai caché mon désarroi au doux plaisir d'un songe l'émoi s'est perdu sans regret Pauvre songe sans fondement tu ne sauras dire comment d'un mot murmuré sur l'oreiller une vie peut s'aliéner Derrière la face blanche du matin bien caché s'est faufilé un fantôme en noir et blanc

Matin de presqu'été plus léger qu'un tulle le rideau flotte au vent quand l'air chante sa partition J'observe le défilé paisible des nuages derrière les arbres ciel ou  reflet dans la fenêtre une même illusion glisse

obsédante  oppressante l'obscure musique  du coeur vital vivifiant le flux mystérieux de l'esprit si figée  je suis entre les deux je fuis