Mon besoin de réconfort celui de respirer librement se confondent avec les pentes sableuses. Dans les replis friables telle l'herbe au vent mon coeur frémit à la vive lumière. Face au bleu immuable et mouvant depuis le premier jour il s'abandonne à l'horizon. Savoir pourquoi le bleu retient mon coeur si fort n'est pas innocent en lui je me reconnais.
En éveil dans le matin frais de longues heures j'ai promené ma nonchalance comme une graine sauvage La brume dispensait bien assez d'illusions pour me donner le courage d'aller vers le jour Un doux abandon de l'esprit au-dessus du temps
Avec précaution il se pourrait que les infatigables assemblages de nos vies résistent un certain temps au vents contraires. Avec obstination il pourrait arriver que dans nos failles grandissent quelques obstinés intrus et leur rumeur. Sans crainte il saura arriver qu'entre les pierres fragiles de nos murs disparaisse peu à peu la clarté lointaine au seuil du long soir.
Le scintillement encore au fond des yeux essaim d'abeilles bourdonnant et la tête qui recule. La risée encore à fleur de peau vivante frisson des cils qui bataillent et l'œil qui va à la faiblesse. Encore ce clignement encore ce regard sanglé et la crainte de ne plus sentir de ne plus être toujours
Rien ne peut empêcher l'arbre de pencher dans le sens du vent dominant l'oiseau de suivre son instinct de migrateur le chat repu de chasser le lézard ou la souris Tout veut empêcher l'homme d'avancer en crabe fragile à la merci du bec tuteuré et contraint il ignore trop souvent les délices de l'absence de repères le bonheur de la nage en eaux vives
Toutes les histoires ont un début et une fin Le plus petit insecte tisse sa toile suspend à son fil une vie dont il ne se souvient plus Et la vie rebondit sur la lumière qui tapisse les jours un oiseau se pose et emporte les rêves On tire le fil des jours pour dire au ciel ses vérités accroupis les yeux vagabonds pour fuir notre infinie solitude
Je deviendrais alouette virevoltante par la grâce d'une pirouette au vent joyeux sur les hautes herbes tant d'aubes nouvelles j'inventerais Ou peut-être serais-je bécasseau fébrile et guilleret au ras de l'écume prompt à éviter la vague frémissante m'égarant en cherchant... j'oublierais L'absence d'azur me force à rire de mes bavardages absurdes l'oiseau ne veut être qu'oiseau et moi même pas ornithologue.
Qu'y a-t-il à dire qui ne le soit déjà il y a tant et tant à dire du peu que l'on comprend de soi du peu que l'on sait des autres les mots peinent à dire pourquoi insister... l'habitude peut-être ou une agitation intérieure avant le calme qui efface tout ce qui ne saurait être dit
J'ai parfois le désir de plonger au plus profond de mon ombre débusquer en moi la silencieuse tendresse de la nuit me traquer jusqu'au plus inavouable vertige passionnée égarée mais l'ombre meurt au premier frisson du jour et me voici troublée domptée
La nuit l'a cueillie dans ses mains piégea ses pensées dans le sommeil le ciel pouvait s'enflammer la terre trembler le long silence qui l'enveloppa et dura jusqu'au matin persiste encore dans le parfum de ses nuits
C'est une même terre une même source qui alimentent mes rêves un ventre unique habité du silence du ciel et des arbres que je nourris Je ne demande rien d'autre à la vie que ces racines qui m'ont faite complice du sable et de l'eau que ce frémissement d'ombres et de lumières cousu sur mes lèvres que ce peu qui depuis l'enfance guide mes pas et me pousse dans le dos
J'ai vu la vague se creuser j'ai entendu le vide naître du néant et mourir cent fois dans son ventre J'ai senti l'étrange corps à corps avec le mouvement de l'eau jusqu'à dénuder cette part de moi qui se cache sous le poids de l'âme
Le soleil pour moi a offert en secret ses aveux brûlants J'en ai pris son oeuvre aux plaies faites à la terre rougie J'en ai fait ma peau plus rauque que le plus épais draps Dorénavant tout est si lumineusement prévisible
Un jour j'irai au bout de moi et je marcherai sur l'eau Tout est possible quand dans l'air se rencontrent pensée et volonté Un jour j'en aurai fini avec moi comme tout un chacun et je serai libre
Il y a dans le contre-poids des sentiments qui demeurent en nous une charge à rouler dans la main et dans le coeur Mis sous terre son silence minéral prend la consistance du béton lisse et gris jusqu'à mourir au creux de l'estomac dans l'infinie attente d'un signe ou d'une parole
Les herbes frémissent dans le vent Qu'y peuvent-elle ? Leurs mouvements sont indépendants de leur volonté.. Le temps des fleurs et des insectes ne dure pas le tendre duvet périra bientôt son souvenir est là. Dans mes mèches le parfum des herbes flotte au vent Le temps est compté quelque chose part qui ne reviendra pas.