Certains matins pèsent plus lourd qu'un ciel d'orage. On finit tous par oublier que l'oubli est la pire des légèretés. Labourer en sillons profonds pour déraciner ce qui charge le cœur.
A l'origine des fleurs une couleur de miel sucré une odeur rose fané où s'amoncellent des souvenirs. Il faut chercher dans le frémissement et la respiration des pétales cette joie à boire à petites gorgées liée au léger nuage qui remonte de l'enfance. Un refuge odorant. dans les yeux.
Tout se tait dans l'attente aimable du wagon et de la passante du trottoir à la voie la nature résiste oeuvre assise sur un banc sans mot dire le vent et quelques feuilles battent la mesure du cœur de la voie au trottoir du banc à l'arbre un regard se perd
Sur la toile de l'automne les bruits du vent viennent accrocher quelques soupirs. Gardienne du feuillage, muse du temps, la veilleuse infatigable noue ses doigts à la terre. Blottie dans l'ombre qui s'étire la vie taille sa patience dans la pierre regard accroché au lendemain sans rien céder à la pluie
Sans que rien ne bouge la rivière s'installe dans le froid l'automne plonge ses branches vides dans le miroir mélancolique puisque ainsi en décide la nature.
Je vais flottant jusqu'à cette autre rive accueil de celui qui a voulu partir. Long chemin de la pensée l'automne qui revient voit l'oiseau s'éloigner à tire-d'aile
Le gris grave la terre ici on ne cherche pas le beau on cultive le nécessaire L'automne a pénétré les corps dressé ses lignes et ses heures semblables Jour après jour la pluie tristement alourdit l'eau du fleuve sombre Triptyque ferroviaire Toulouse/Bordeaux 11/11/19
Sur la berge la vague descendante a su faire taire les oiseaux le ciel frustré s'en colle à la vase gluante Pourras-tu compter sur ce nuage aussi brillant qu'une partita de Bach pour gober quelques étincelles de soleil nourrir d'une douceur tes entrailles et donner au jour d'abandonner son fond de désespoir ? Il faut s'inventer quelques désirs de vivre Macau, marée basse.
L'oubli cette perte discrète du contours des odeurs qui te laisse sur le bord. L'oubli jusqu'à ne plus savoir qui et où chercher. L'oubli cette dérive toujours vers le sud cette ride au souffle sur les lèvres closes. . L'oubli cette contradiction le cœur sanglé dans l'évanouissement de l'odeur des tamaris. [Et tout s'oublie à vivre. Jean Anouilh ]