Dune

Toute la nuit le vent a joué entre les feuilles des trembles leur murmure me tenait éveillée silhouette des grands arbres mystère d'une nuit éteinte  ouverte aux bruissements sans chant sans cri sans désir Ainsi est venu le matin  le roucoulement lancinant  des tourterelles a tu les comètes de la nuit

Rien ne se passera aujourd'hui entre les premières et les dernières lueurs du jour dans le champ clos du déjà vécu le vent peine à souffler sous l'écrasant soleil là où je devine le flottement de la robe froissée du soir je vois que rien ne changera rien ne jaillira des flots rien ne dérangera ordonnancement des heures

 Au seuil de la marée  et du vent il convient d'édifier  son espace de paix et de certitude pierre à pierre. (St Jacut de la mer, marée basse)

 L'aube se tisse une brume sur mesure entre les berges de la baie un répis avant la montée du jour qui laissent mouettes et goélands sans voix De chaque côté du grillage des vies parallèles se regardent sans se voir chacun de passage use du paysage il fera encore chaud aujourd'hui

 La permanence d'un lieu  relève d'étranges mécanismes mi réalité mi fantasme la soudaine bouffée  portée par le vent de l'image rêvée mêle couleurs et saveurs Se répondent indifférence et sensibilité agrippées  à un sentiment de "déjà vu" il faut si peu pour garder ou oublier ce reflet nostalgique que l'on pensait inaltérable 

 S'abandonnent sur la route les vieux démons et les désillusions histoires mâchouillées au jour le jour Les yeux s'écarquillent  les oreilles se tendent sur une lumière  posée en plein champ petite grâce offerte au matin

coulé dans le béton le signe de plaies aujourd'hui à peine audibles  

  Tout le jour j'ai lissé le visage du ciel écouté le souffle chaud de ses lèvres fiévreuses une larme au coin des yeux Le corps trouve sa fin dans le sommeil Ainsi le veut la nuit dans la nudité de ses ombres rien en elle où je ne déchiffre l'inutile nécessité d'être

 mystère une ombre passe trouble un instant le calme homme ou animal J'ai laissé mon doigt glisser sur la surface lisse du rêve il a donné à mes lèvres le goût d'une éternité à laquelle  je ne peux et veux croire une ombre passe je ne connais de l'instant que le silence mystère

Le temps somnole chatoiements verts mouvants au-delà des lisières obscures Siège de la mémoire dans les lacunes endormies le gisant des désillusions Compagnons sortis du feu dressés tels des totems accusateurs désormais silencieux