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entracte

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Dans les heures gagnées  aux dépens des nuits sans rêve  la musique tapisse les murs de sa lumière de porcelaine À la réflexion je ne suis plus sûre des limites du non rêve  ni du bruit des pas sur les marches ou de l'ombre imprécise de la silhouette  ni de la photo où affleure la présence (le mot photo lui convient-il aujourd'hui ?) l'évanouissement des notes suit son cours dans l'enchevêtrement de la mémoire 

cambrure

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 l'absolu bleu en cambrure de la dune sauf des limites lien entre image et réel  toujours la même émotion

crépi

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L'ouvrier lisse le mur sa main noie les aspérités ou bien est-ce lui qui disparaît aspiré par la tâche il devient transparent absorbé par des façades sans fin il lui dit que les travaux ne seront pas payés ce n'est pas le bon enduit il l'expliquera à Patrick... l'ouvrier lisse sa vie pour se faire oublier  pour taire cette langue que l'on ne comprend pas l'ouvrier est échangeable demain il sera sur un autre chantier il y a tellement de murs à lisser

laisser-aller

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Un bleu outrageant colle à la pierre souligne failles et épuisements j'y cherche l'angle de prise de vue une perspective éloquente L'azur qui souligne chaque ride de ces murs vénérables m'attriste  presque autant que l'image matinale d'un mammifère marin échoué sur le sable  Les dimanches sont souvent ainsi qui  offrent des regards entre laisser-aller et horizons de retour à ne pas vouloir y penser à ignorer le bleu trop bleu  

no smoking

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 Jamais je ne m'éloigne de la rive sans perdre de vue la barque rassurante sortie des brumes de l'enfance celle qui rassure face au monde Parmi les regards point d'attache subsistent ceux lumineux venus du néant quand la nuit tombe ceux des êtres qui manquent Et ce sont des bruits de voix glissant sur l'eau tranquille si proches bien qu'invisibles qui caressent la mienne Les mots me manquent faute de sens faute aux orages ils ne ricochent plus ils coulent il y a longtemps que je ne fume plus

fait main

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au gite apprêté les insectes préfèrent le pli d'une branche je cherche encore ma place dans le jardin du monde  

marches nocturnes

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J'aime marcher dans mon quartier quand la vie se vide la marche n'est acceptable en ville  qu'à la nuit tombée si éloignée de la forêt qui aime la clarté Les trottoirs dressent un peuple rigide hors de l'effervescence humaine entre deux labyrinthes obscurs dos d'immeubles ou haies hantés par quelques bêtes secrètes Je regarde le lent passage  des nuages sur les lampadaires les petits bois urbains ont  des tremblements vert trouble aux feuilles à naître Sommeillent là des présences d'êtres fragiles croisées d'autres soirs  silhouettes familières unies  un bref instant à mes yeux attentifs ombres pour mes pas A la lumière confuse les couleurs périssent me reviennent des pensées vers quelques morts ou vivants que j'aime

quatuor

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Le temps se fait discret entre deux marées horizon éludé une même illusion unit l'esprit et le monde aux éléments Leur vol fouillant la lueur diffuse d'étranges troupes de goélands accablent une brume émaciée  Transparence du sable entre des doigts aimés ou grâce de quatre pas sur le sable traces vivantes surprises  dans la confusion d'une sensation d'inachevé  

thermotaxie

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J'ai laissé le jaune m'absorber et absorber l'intérieur de toutes choses un jaune à oublier (le bleu m'a longtemps envahie - le bleu est souvent envahissant -) je ne sais pas très bien quand et pourquoi s'est opérée la coloration (certains croient aux pouvoirs des couleurs écrivent des études sur leurs effets) le bleu était un choix  rien d'inconscient je m'y suis accrochée désespérément j'ai azuré jusqu'aux marges de mes nuits froides frôlé la cyanose de l'esprit La question de la couleur est question de température un pauvre soleil d'hiver parvient à faire oublier le froid intérieur s'il caresse une immortelle

lumière à l'approche du soir

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  La lumière à l'approche du soir demande un regard simple elle donne aux corps des choses une forme lisse et épaisse Tandis que l'oiseau se déroute du ciel que les silhouettes se fondent  à la berge avant de s'oublier la perspective de l'obscurité paraît Rien de tragique n'oppresse l'œil qui lentement se dépayse repousse vers les profondeurs  les désordres du jour Elle laissera sans doute quelques éclats  capables de convaincre de son retour avant d'offrir à l'inconscient un dernier soupir de lassitude