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Affichage des articles associés au libellé état des lieux

chute

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 Dans le jardin j'écoute le bruit sec des feuilles qui tombent Chaque chute s'entoure d'un silence immobile à la porte de la maison. J'écris chaque moment qui parle du jardin en présents successifs suite de maintenants qui m'enchaînent au lendemain. Je tends l'oreille vers le jardin un jour je ressemblerai à ce tas de feuilles sèches.

jour de pluie sur la dune

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Tu laisses ta vie voyager et la mer jamais ne s'est tarie le pays jamais ne s'est découragé. Sa musique remplit ta page de sable, ses odeurs aiment les ruptures que tu imposes De ta maison il ne reste que quelques branches éparses

marcottage intime

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jailli du sable enraciné dans la pensée  l'ergot verdâtre Armoise de Lloyd , en 1854 le botaniste James Lloyd publia la première édition de "La flore de l'Ouest de la France" plante chair vive ferme et inébranlable touche le réel   Lampourde Glouteron , mais que fais-tu sur cette dune herbe aux écrouelles? (plante nord américaine) Le retour sur une dune trop sensible longtemps délaissée crée la surprise. Trop de passages, trop d'aménagements et voici qu'apparaissent des spécimens spécifiques plus ou moins volontairement implantés. Pour celui qui regarde sans "voir" la dune semble un univers pauvre et uniforme, pourtant sa richesse ne cesse de me surprendre. Dans ce milieu hostile la moindre variation fait apparaître ou disparaître une espèce.

monologue

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dire sans abandonner, sans renier cœur en friche dans le crépuscule se taire sans oublier, sans renoncer lèvres frémissantes au vent d'ouest

hisser haut

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On parle on parle on lance des mots au vent sans le moindre doute On écrit à l'emporte-pièce des élingues à lever nos peurs à les accrocher au bastingage ce serait si bon de prendre le large Sur les lignes flottent nos rêves oiseaux en mal de voyage ils poussent de petits cris juste un peu pour nous prouver qu'ils sont toujours là qu'ils ne nous oublient pas On aimerait hisser la voile donner du mou dans l'étoffe des mots folie amarrée à la barre on reste à quai les mots en rade demain on se risquera dans le courant                                              de la vie  

À l'ombre de soi

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Cesse de te questionner ni l'ombre ni la lumière n'ont de réponse  à ce quelque chose qui hante le chant que tu t'aies fabriqué Paupières mi-closes tu peux continuer longtemps à susurrer tu ne seras jamais  rien de plus que le témoin de toi-même

A la St Thomas on y croit !

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Tourner la page et se faire la malle décamper  avec ses cliques et ses claques prendre le large mettre les voiles et se barrer se carapater  sans se casser la patte en jouant la fille de l'air se bouger sans pour autant battre en retraite s'éclipser sur la pointe des pieds la porte passée prendre ses jambes à son cou A la St Thomas tirer sa révérence la dernière page arrachée y croire enfin  et aller se faire voir ailleurs

mauvaise herbe

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La situation se dégradait de jour en jour personne n'y pouvait rien les murs des nuits s'effritaient dispersant des lambeaux de vieilles histoires au jardin les mauvaises herbes avaient depuis longtemps dévoré la rosée de l'aurore Je courais aveugle et à l'instant où mon âme me dit libre le monde fut larmes Le plantain  cette fausse mauvaise herbe vit paisible dans mon carré d'herbes

rouages

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Dans les recoins du passé sont restés coincées quelques douces pensées et d'autres plus tranchantes (pour mémoire) Pensées rongées, travaillées à la bouche dans sa pénombre l'esprit range dans de petites boites quelques leurres pour les dissuader de me quitter (est-il est tard ?) Restent ces signes  grincements et dépôts de limaille erreurs dans les rouages et sous la peau ces autres peaux mues abandonnées étranges formes des limites à ne pas franchir (aujourd'hui je suis là)

distorsion

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Questions et réponses en aimable confusion marquent la fin de la pause comme si du vaste silence  qui nous hantait aurait pu surgir autre chose qu'une  immense interrogation Les mains dans les poches l'aventure est dans les rues où le silence n'est qu'un souvenir défilé des heures une à une  tant d'heures passées en quête du nid espéré tant d'heures à venir dans l'imminence du doute

bouillir sous l'écorce

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Le temps bouillonne je pense à l'écorce surchauffée qui cache un pays cloîtré une odyssée en territoires obscurs et inconnus La vie aujourd'hui  ressemble à ce corset  grouillant et odorant A l'heure où l'océan roule en solitaire  où le chant de l'oiseau se délite dans le vent c'est dans l'intelligence du bois que je veux écrire l'attente

paysage avec ruines

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Parfois on rêve de rester  à l'ombre des grands arbres un jour de chaleur on voudrait être racine habiter là sous les branches Pourtant quelque chose d'étouffé remonte on sait que demain il fera froid  que les feuilles tomberont alors on marche jusqu'aux ruines coiffées de soleil on court les rues pour achever ce que l'on a débuté un jour d'insouciance on lèche les vieilles pierres des murs pour se rassurer et on se tait (Palais Gallien, Bordeaux 2014)

ratures

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En marge du cahier s'écrit ce que je ne saurai jamais ce que les nuages qui passent  au-dessus de moi cachent de moi-même. Je m'enquiers des pages manquantes des messages raturés de l'encre transparente des années qui passent Inutile de penser prendre du repos  entre doute et tentation les lignes dictent l'oubli suturent le cahier avant de le confier aux bons soins de la nuit.

(sans motifs apparents)

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Les heures glissent sur le jour pâlissent indolentes avant de sombrer dans la nuit L'aube prend la relève dans le bleu lisse et vide aucune variation  aucun reflet Arrivent d'autres jours d'autres nuits sans bruits sans heurts reflet sans tain  sur un monde éteint Ouf aujourd'hui il pleut Kayhan Kalhor

(hôte)

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On surprend au coin de l'œil la vie offerte complice du ciel. Pétrie entre les doigts le rose pétale dit avenir désir, patience. L'hôte discrète nourrit le rêve un goût de pomme d'amour folâtre entre les branches en quête d'air libre... Pourquoi demain aurait-il une autre saveur ?

(dimanche au jardin)

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Tout à l'heure (mais je ne sais plus très bien quelle était cette heure) le ciel avait revêtu son corps estival d'un voile léger celui qui habituellement ouvre le chemin au voyage. Un parfum café corsé accompagnait le soleil sur ce petit bout de terre  ouvert à l'observation de la saison  qui avance en silence. Tout autour incrédule  le monde nostalgique de ses bruits ne savait plus s'il est un endroit propice pour vivre A-t-on déjà vu chose pareille ? Ce ne sera jamais la dimension qui fera l'espace. Ne sommes-nous pas tous victimes de nos illusions?

(sous le joug de l'image)

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L'image recluse s'exprime fort Elle règne dans les bras dans la tête instrumente le corps le mène au bord de l’abîme. L'image s'impose aux yeux fermés nouvelle mémoire pour la suite du monde. Inscrite sur les paupières grand écran comme un espèce de monde centré sur l'hypercentre de chacun. L'image pour tout voir pour se faire voir pour se protéger de ce qui est à voir à l'extérieur.

(en miroir)

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... mots en retard plus grand chose à dire d'anciennes amitiés  se glissent entre les mots les lignes l'une après l'autre résorbent leur présence  ... chaque signe traduit si peu de ce que je suis et de ce que je ne suis plus en cet instant tant de mots qui ne disent ni qui ne veulent nommer les noms passés sous silence les noms qui se sont tus absorbés par le miroir de la vie ... dans son miroir secret il y avait des indes et autres pays de cocagne dorés des délires, des ombres mémorables tant de chimères.. . (Musée du Palais Lascaris, Nice)

(troène)

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Mousses et lichens en ennemis bien visibles envahissent le troène tatouent son tronc de cartes imaginaires. Plus retors l'armillaire s'insinue branche à branche sournoisement envahissant chaque fibre en parfait colonisateur. Mon voisin élagueur m'a prévenue " Je lui laisse un répis mais il devra être éliminé..." Mis en quarantaine ces jours sont comptés. "On n'a rien compris à la  maladie , tant qu'on n'a pas reconnu son étrange ressemblance avec la guerre et l'amour : ses compromis, ses feintes, ses exigences, ce bizarre et unique amalgame produit par le mélange d'un tempérament et d'un mal." Marguerite Yourcenar Mémoires  d'Hadrien ,

(J'aime mon libraire)

Aujourd'hui, je laisse les mots tranquilles, je donne la parole à Jean- Paul Brussac Chaque jour, depuis le début du confinement, il ouvre  la  librairie Olympique fermée depuis chez lui pour nous lire un extrait du recueil qu'il a choisi. Mars, le printemps des poètes annonçait le Courage. Il en faut et il en faudra pour affronter cet ennemi invisible qui change nos vies et laissera des traces indélébiles et cruelles. Merci, à Jean-Paul de nous parler d'Amour, nous en avons besoin.