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réalité invisible

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l'image cueillie par l'œil recrée la vie à l'endroit  où elle se perd et  la forêt renait  en son vert  dans les bras tendus aux mousses et lichens Je remonte dans la mémoire  du pied au lit humide des feuilles à la main sur l'écorce odorante captive du contresens de l'image  entre paysage réel  et paysage fantasmé

sculpter rouille

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Rien ne se laisse oublier les résurgences de la rouille ne se contrôlent pas Dans chaque mur élevé dans chaque fenêtre percée  les scories du passé poursuivent à notre insu leurs lentes dégradations cartographie des heurts  du monde sur le cuir tendre Tant de friches témoins plus ou moins volontaires et affichés où la rouille inscrit la part éphémère des traces internes menant aux galeries souterraines des sédiments de la mémoire   

polaroid

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[au gris d'un matin  un poème s'est effacé       maladresses et inattentions       sont toujours significatives un autre a pris la place qui couvait son feu] Chaque soir dans l'encre du ciel la hulotte jette son cri Je lève les yeux  sans jamais imprimer autre chose que sa voix Délire aquatique au sein du courant une eau échevelée coud au limon fécond  les stigmates du temps loin de avenir ou du passé Je vois la rive j'entends l'oiseau ne sait les faire  tout à fait miens aveu révélé au papier sensible du poème  de l'impuissance à aller au-delà de soi     

souffle des bois

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L'esprit s'attache à l'obligation du tronc élancement à l'endroit où l'herbe manque il faut procéder à la verticale le regard en harmonie avec la perspective attentif et obstiné Arrivent dans l'air des éléments transportés par le vent lentement ils occupent l'interstice des paupières mi-closes deviennent petits remous de soi Monde vaporeux de la matière intime métamorphose des rêves évanouis l'idée devient geste végétal dans l'élévation et la tension du bois dans le souffle photographié  

enclos sylvestre

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La forêt se terre tel l'animal tapi dans l'ombre forces odorantes tendues  entre ciel et sol rien n'a lieu ni ne bouge ici pas et souffles absorbés d'évidents messages s'écrivent en ce qui se tait à chaque espace retenu nait l'accord  pressenti blotti à fleur de terre où veille le temps vierge    

bac d'hiver

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Dans la brume hivernale je nomme le fleuve seuil porte et fenêtre vers puisque l'incertitude de la rive interpelle ces liens qui semblaient à vie Nul cadran solaire pour aiguiller le passage la coque ultime repli du souvenir purge doucement son haleine en sillage écrit en hâte et si vite effacé

entre les rives

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 spectre de l'oubli palpable dans le brouillard entre deux rives *** à ciel ouvert défi de se traverser autre que soi

tertre

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Qu'espérer de l'imprononçable  fermenté sous les paupières  entre deux renoncements vertige de l'azur et du vent vertige de l'horizon sans fin dans la transparence d'être  Tant reste à franchir pour entendre la voix de l'oiseau sans embuer le regard

origine

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Il y a cette terre d'eau et de sable où la langue du corps caresse celle de l'âme  peuplée de mots incertains semence au champ du souvenir J'aime l'odeur immobile du lieu écorché son silence grave je me tiens à sa lisière  fixant chaque point de suture chaque éraflure sur le cuir mat de mes renoncements et oublis Toutes les terres se ressemblent l'eau le feu la glaise ou la roche un rien évoque la mienne m'évade et me rappelle mon nom de sable et de vent immobile dans l'ombre d'un pin Tendresse Pour encore deux instants accrochons-nous aux branches de ce pin que prennent le soleil en dessous les ennemis de notre cœur puis soufflera la brise, chanson sûre, qui nous emportera duvet du sommeil pour nous mener aux sages abris des contes aux aigles de mer, près des châteaux du hasard images toutes prêtes à nous garder en elles sans autre sens la gloire des humains la guerre, ces idoles du monde accrochons-nous maintenant c'est tout encore un peu aux forte

passages

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Entre l'un et l'autre le passage suspendu d'une séparation histoire de lueurs à remettre le temps  en furieux désordre là tout paraît passager qu'importe ce qui prolonge ou tue le passé on s'en remet naïvement aux souvenirs petites loupiotes brillantes de nos heures