l'heure était calme et caressait douce comme le poil d'un petit animal le pied dans l'herbe humide si ce n'était une légère crainte brillant dans la pupille l'Instant aurait pu s'habiter éternellement * bécasseau et gravelot sur une même berge à la queue-leu-leu vingt-sept septembre oiseaux en quête de migration jouent avec mon ombre discrète Ste Eulalie-en-Born 27 septembre
Ma mort ne m'a jamais fait peur celle des autres si petite je jouais dans les remparts de la forêt désenchantée déjà arbres en compagnons peau d'écorce à l'intérieur lisse en surface ma nudité n'avait pas de limites elle était route à suivre sans mots - ils viendront plus tard - je déshabillais pins et genêts monument à la liberté chaque dune en accord plus qu'en crédo je suivais le courant je savais que ma mort ne serait jamais mortelle celle des autres si "...Les lieux mêmes, forêts de pins, dunes et étangs ont été le théâtre d'une disparition. Enjamber racines, arbres, roches, ils sont vivants, dans ce palais funéraire. Il écrit sur la mort d'un absent, elle l'écoute gratter cette douleur qui est plus sienne qu'à lui..." (H) ...elle en cherche toujours les stigmates sur les troncs abandonnés par les tempêtes successives , sur la peau tannée par les années d'attente, sur les pages jetées comme autant de lignes de survie... (C) 2012
L'automne embrume l'horizon mélancolie programmée en sève descendante et me surprend encore cet imperceptible glissement entre parenthèses cette entrave au corps et à l'esprit le long hiver de la pensée s'installe Au jardin les anémones du Japon se déchaînent pied de nez aux feuilles volantes et je pense à toi qui comptes les automnes toi qui te veux si loin si inaccessible n'oublie pas de puiser dans cette mélancolie toutes les palpitations du possible L'automne ne sera jamais ma saison préférée – je n'ai pas de saison préférée, elles sont toutes douloureuses – ce glissement vers le clos a toujours été l'endroit où je peux rester en doulce mémoire, hommage à Denis Raisin Dadre
Des bambous soudain plus gris que verts sous la pluie deux ou trois branches mortes égarées sous le pommier des graines pour la saison à venir - combien germeront ? - Un désir vague de se recentrer sur les ombres du matin ou du soir sur la peau lisse d'un souvenir la tentation d'être la bure de ses propres fantômes à se souvenir - combien résisteront ? - deux ou trois vers à la va-vite en échange de quelques battements d'ailes plus vrais que nature ne changeront ni la route ni le sens des nuages et pourtant... où perdre ses rêves
Les derniers beaux jours ont une langueur que l'été ne peut soupçonner jusqu'aux feuilles du pommier qui s'attardent évitent de jaunir et semblent peu décidées à se laisser mourir Tout autour de moi te raconte tout me dit que je t'ai si peu regardée qui mieux que l'absence creuse le fossé de la réalité De petits papillons s'obstinent à butiner les fleurs fanées des géraniums tandis que le fuchsia rougeoie entre fraîcheur des nuits et ardeur des rayons rasants tout tend à étirer le temps chaque heure se veut plus longue que la précédente en oubli de la perte de jour Ma mélancolie te raconte elle dit mes bras autour de nos yeux la réalité de l'absence s'écrit dans mon regard qui ne cesse de chercher le tien
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