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Outil

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Cet outil le père du père de mon père l'a tenu Cet outil le père de mon père l'a tenu Cet outil mon père le tient Aujourd'hui je le tiens Rien n'est plus précis que le fil de sa lame Ni plus vrai que le poids de son manche Poids des années de mon père Poids des années de mon grand-père Poids des années de mon arrière-grand-père Coupe de chêne, bois de chauffe dans deux ans,  forêt de Ste Eulalie, février 2019 Au même endroit, deux ans plus tôt... Dans ces lieux qui se visitent comme des pèlerinages les ombres erratiques servent les fables que tu veux entendre Il s'agit dans la torpeur de l'après-midi de tendre l'oreille aux cimes pauvres et familières Mots chuchotés attendus à mi-sentier secs dans l'instant du sable le silence engendre des abîmes desserre l'étreinte des années Ici l'instant s'écrit au présent une série de maintenant et d'autrefois confondus Lentement se défroisse le temps interminablement au présent

Photogénétique du regard

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Certains jours je ne me reconnais pas au bout du chemin quand la nuit tombe le corps trouve sa limite il n'y a plus d'yeux assez puissants dans le crépuscule pour nourrir la trace et apaiser l'ombre Certains jours même le souvenir est corrompu le vent court à la cime des grands pins et je ne sais plus très bien qui je suis Le sommeil vient avec lui l'oubli Damat, quartier ancestral, 17 février 18h30
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On souhaite, on aspire, on croit. On désire faire fructifier la branche. Sans rien oublier, on vit, on éprouve l'imaginaire jusqu'au soir où l'on voit les feuilles jaunies tombées à terre. Soir sur le marais, février 2019
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A cet instant le bois lavé par le temps éclat des traces du passé un dialogue entre hier et maintenant - La beauté issue des éléments ouvre une vieille cicatrice oubliée au cœur - J'ai vu dans la grande maison pleine de ses fenêtres béantes des choses que je ne voyais plus J'ai souri Je n'ai rien touché je n'ai rien cueilli De tout le passé rien ne doit brûler Ce qui est mien fait trace partout au cœur de la fibre du bois rongé dans le rameau à venir dans les écailles bleues qui retiennent mes yeux févier 2019, Bel Sito

L'oubli

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L'océan au Sud fait corps avec le ciel Le bruit de la mer s'oublie dans le regard si vaste sans retenue Je demeure immobile vie posée dans les mains offerte à l'eau Derrière la dune le même monde le même silence ténèbres et clarté sur les pins Pas une volonté d'oubli juste un moment de répit février 2019 Etre là mais pas tout à fait à la limite de soi sur l'étroit fil lumineux brûlant lèvres et paupières s'espérer Et si le vent dans ses tourbillons rassemblait le moment venu nos poussières étoilées ? Si jaillissant de la nuée tu t'invitais à la table ? Tu ne vas nulle part tu n'arrives nulle part jamais tu ne sais si tu t'es perdu de vue Tu parcours les années lies les lieux les amitiés veux desserrer l'étreinte et tu ne cesses de chuchoter encore et encore es-tu là ? j anvier 2018 Dans ma main la densité d'un grain une éternité le temps d'une vague Blottie en équilibre sur cette frontière entre extérieur et
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En choisissant de partir il a emporté une part de moi je ne parle pas de sentiments c'est ma chair qu'il a entamée Ensemble nous avons bâti dans la beauté des jours et des nuits aimé et dormi avec ce que nous avions dans l’âpreté de la vie  Témoins cette plaie à nue ces yeux enflammés devant l'élan de l'oiseau déchirant le ciel ces mains lourdes du poids de l'eau février 2019, cormoran en fuite

pêche instantanés marée basse

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... de la vase quelques bateaux échoués le chenal ... au loin le même paysage fond de bassin enlisé dans sa fange de ciel gris ... la mer en se retirant n'a laissé en rade que l'idée de sa profondeur suspendue au filet ... deux mouettes accrochent ma présence entre les mailles au coin des yeux naît l'envie de l'eau libre au delà de la passe ... il est temps de partir (10/2/2019, bassin d'Archacon)
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Sur la piste cyclable longeant le ruisseau de Tirelagüe, me reviennent simultanément une phrase d'Edgar Morin et un fait remarquable dont mon grand-père fut le protagoniste. Accepter les choses, mais se révolter en les acceptant. N'y a-t-il pas dans notre force et notre faculté à nous révolter la preuve de notre humanité ? N'y avait-il pas autre chose que de la malice dans l'escapade de mon grand-père le long du ruisseau longeant la maison de retraite où il avait "décidé" (!) de résider ? Malicieux, il l'était car, avec quel délice m'a-t-il raconté combien le personnel était inquiet et l'avait cherché, alors que "vois-tu, je voulais juste aller voir ce qu'il se passait au terrain de rampeau..." Se révolter en acceptant, quelle merveilleuse perspective quand le désir fait défaut. Savoir qu'il y a possibilité de révolte ouvre si intensément la pensée que la révolte ne nous oblige plus. L'idée de la chose, encore une fois, l'
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entre les grains deux ou trois boutons percent murmure au vent le timide éclat argenté attendrit mon regard 9 février 2019, la dune se réveille, premier petits boutons argentés du diotis Je parle du soir de l'instant où l'océan engloutit toutes lumières de la dune qui fait le gros dos sous la main du vent. Je parle des fleurs enfouies dans les replis obscurs au plus profond du sol assoiffé. Je parle de la clarté qui jaillira de la forêt, du désir jamais rassasié, du fleurissement promis, Je parle d'un matin en devenir 16/6/2016
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( à B.) J'avais dit : C'est un jeu d'enfant d'imaginer les ombres et les reliefs de la vie désirables c'est un jeu d'adulte de leur donner des dimensions et des formes regrettables Il avait répondu : C’est aussi (surtout ?) un véritable défi que de parvenir à allier les deux sans se trahir Ce grand et sincère joueur de mots me manque. .