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illusion en profondeur de champ

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Le soir erre de roseau en roseau goûte les pans fragiles des rives tu te donnes au beau mystère assise dans l'air léger Heure de lumière blanche au creux du pli des yeux  émus par la tendresse du sifflement d'un insecte  Tu sais que lorsque le soleil aura touché la terre envahie par  la mélancolie des ombres le corps apaisé se dévoilera  

flegme

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 Elle s'en fout l'araignée du genre du photographe Qu'est la vie d'une araignée  à côté de celle d'un humain Fragile sur ses échasses posée dans un coin comme une chose oubliée elle ne sent ici que la bonne chaleur  du soleil sur le pavé de verre et l'objectif qui la fixe contemple le flegme sans faille de ce petit corps qui pèse si fort

matière à réflexion

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Le lieu et la résonnance inspira le choix de la place soleil savamment tamisé du parcours dans le verre naquit une inflexion de la lumière flatteuse signe délibéré de ce rien qui saisit le sens du désir foudroyant  

esperanto personnel

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Ne pense-t-on qu'avec sa langue Je parle je communique je pense et la pensée ouvre l'espace privé de la conscience mais suis-je vraiment moi dans ce déploiement ou la simple image d'un moi masqué par sa langue ? Où se cache la voix naïve de l'enfance qui courait sans réserve sur la dune ? La langue l'a-t-elle éteinte ou fortifiée ?

forestière

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Dans la forêt derrière la dune la peau des arbres parle  du chaud dans les veines du désir et de la nostalgie de la rude terre assoiffée. Ce n'est pas l'appétit qui les mène s'ils s'accordent quelques libertés et font œuvre de grâce et d'audace ce n'est que pour tenter de survivre    

Tokyo-Ga

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Il y a ce que l'on voit et ce que l'on retient ce que l'on vit ou qui nous habite pour toujours  Il y a ce que l'on revoit quand l'on reste seul  et ce qui s'est effacé  à jamais ...  

fatigue

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  Certains soirs peinent sous leur charge d'herbes rousses à bâtir son nid pas que tu te sentes vraiment oiseau juste une envie de douceur qui monte Là-bas au loin c'est l'heure du passage des grands migrateurs au vol déterminé  tu émiettes un peu de mie pour l'égarée tu aimerais bien savoir d'autres chemins Dans le ciel un peu plus que leurs cris comme une légère moquerie vers toi clouée au sol par la fatigue et l'illusion certains soirs tu les regardes avec envie

par habitude

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Dos à la chambre silencieuse bras pleins de la vibrante présence au soir ne reste du jour que quelques cimes conquises entre des branches hirsutes et quand la rumeur du crépuscule cède au fantasme obscur le regard porte vers le pin espérant deviner en lui une réponse à l'improbable sentiment d'être "Qu'est notre insomnie, sinon l'obstination maniaque de notre intelligence à manufacturer des pensées, des suites de raisonnements, des syllogismes et des définitions bien à elle, son refus d'abdiquer en faveur de la divine stupidité des yeux clos ou de la sage folie des songes ? L'homme qui ne dort pas [...] se refuse plus ou moins consciemment à faire confiance au flot des choses." Marguerite Yourcenar - Mémoires d'Hadrien  

autre fenêtre

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Esquivant toute présence fatigué, pensif, le regard traîne un peu ailleurs en absence de soi Plus tard penché sur le souvenir l'illusion compendra que monde et esprit furent du même mystère une grâce  

crachin

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Un petit crachin têtu s'obstine à coller au jour qui peine à s'installer Dans la bouche un goût de varech relent saumâtre de la dernière marée  Jusqu'au tamaris qui n'ose disposer de l'espace en équilibre coincé sous sa peau trop dure  Le silence de l'eau accuse le vide d'oiseaux rien ne surprend les yeux sur le gris lisse