absence


Un jour
nous nous sommes arrêtés
dans un chemin il pleuvait
au corps et au cœur.

j'avais ce furieux désir
de te voir vivant
comme toutes choses
comme l'oiseau blessé
dans mon jardin résiste

je n'avais pas encore compris
que tu n'étais pas là

je mets du jaune où je veux
un bout de bois dans la main
je garde la trace du chemin
j'ai la tranquillité de ceux qui ne rêvent plus.

(derrière la dune, le premier jaune)



Sur la nappe à carreaux, le couteau et le pain posés.
Je m'assoie sur la chaise où tu mangeais tes nuits.
Je me concentre, pose ma main sur ton épaule, encore.
La rumeur du dehors ne m'appartient pas
tout ce qui m'importe est dedans et se tait.
En suspens, le doigt clos la bouche, verrouille les mots.
Sur la table se prépare un matin que je veux délicieux.
Où mûrir l'espoir ?
Je mets de l'ordre en guettant la lumière du jour.
Je m'applique. J'écris ma tristesse et ma solitude.
Je sais et n'attends pas de réponse.

(2016)



J'ai perdu sa voix dans un temps
dont je ne me souviens plus.
Je reviens sur la plage
m'attarde à écouter l'océan.
Qu'a-t-il abandonné sur ce sable
où s'apaisait doutes et angoisses ?
L'oreille s'égare
retrouve l'intonation
vague tristesse qui noie le désir
La nuit se fait souvent dans ma mémoire
Qui commande aux oreilles d'entendre
ou d'être sourdes à la plainte,
aux yeux de voir
ou de s'aveugler au soleil trompeur?
(hier j'ai capturé pour lui un peu de soleil prisonnier de la marée basse, quelques gouttes de lumière dans mes yeux)


Ce soir j'ai senti le froid
à la nuit tombée
j'aurais aimé être
cimetière
sentir dans ma paume
le mordant de la pierre
j'aurais voulu me consoler
- c'est ce qu'il m'a dit hier soir -
simplement peut-être
debout la main sur le cœur
croire te voir encore
déambuler sous les grands arbres
dénudés...
A travers peau et bise glaciale
est venu dans mes bras mourir
notre si fragile équilibre.


(janvier 2017)

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