La dune est grise
dans le brouillard
le pas perd la trace
des anciens passages

Devant l'eau farouche
le monde a flétri
dans ton silence
le temps s'est dilaté

tu es parti un été
(2019)

Arrivée à l'aube
j'étais côté soleil couchant
C'était un matin de marée basse
l'océan s'était retiré loin
aucun bateau
aucune vague
La légère brise venue du large
portait la lumière diaphane du petit jour
Il y eut ce phénomène étrange
cet emportement du cœur
l'évidence d'une naissance
(2018)

Je me souviens parfaitement
de certains instants...
Je me souviens des odeurs
de l'ombre lissée des pins
de la main dans ma main
des pas sur le chemin.
J'ai la certitude qu'au-delà
ça et là quelques îlots clairs
amas de souvenirs
flottant dans le vide
subsistent
et entre ses ruines
battues par le vent de l'oubli
des tronçons étroits
creusés avec les mots de ma terre.
Mais au moment de les emprunter
je me demande si je ne suis pas
maintenant trop fatiguée
pour te chercher...
(2017)

des mots encore
perdus dans ma nuit

ou la tienne

dépecés

jusqu'à l’écœurement

scellés

au mutisme des ans


- nous conversions

et soudain nous nous sommes tus -


c'est à notre temps de peu de mots

que s'adresse ce silence

les rêves qui nous ont fait naître

sont sur le point de s'effacer

de ton mot à mon mot

à ton silence plus vaste

que la nuit qui nous absorbe

le vent de la dune

n'est pas avare de mots

seul le rêve qui engendre

finira de les effacer...
(2017)

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